Karratsch Rudolf Caracciola (surnommé Regenmeister " maître de la pluie " et Karratsch par les Allemands) Nous sommes en 1952 et devant l’hôtel intercontinental de Berne un homme descend de sa voiture accompagné de son épouse. Après les formalités d’usage le couple gagne la suite qu’il a réservée pour le week-end. Alors que madame s’installe son mari décide d’aller faire un tour. Prenant un taxi il indique la direction du parc du Bremgmarten ou se trouve un circuit. Une fois sur place, il fait une dédicace au chauffeur qui l’a reconnu puis l’homme à la démarche claudicante se rend vers les stands Mercedes car une course de voiture de sport se disputera dimanche et celui-ci participe en tant que pilote officiel pour la firme de Stuttgart. Il en profite dans un premier temps pour saluer les mécaniciens qui préparent sa monture puis il se rend vers le restaurant du circuit. À son arrivée une forme de silence s’installe puis prenant un verre il serre ici et là des mains puis engage la conversation avec des concurrents qu’il ne connaît pas pour la plupart. Au bout d’un moment son visage se fixe sur les murs où il contemple des dizaines de photos, il se sent rapidement gagner par une certaine nostalgie car il figure en bonne place sur ces clichés avec d’anciens partenaires dont certains se sont tués en course avant guerre. Ayant fini son apéritif il prend congé de tout le monde et rentre rejoindre sa femme. Cet homme est âgé de cinquante et un an, il est de nationalité Suisse d’origine allemande et il se nomme Rudolf Caracciola!! avant le déclenchement du deuxième conflit mondial il était le plus formidable champion automobile de son époque... Rudolf Otto Wilhem Caracciola vient au monde en 1901 dans une famille aisée. Son père Otto est hôtelier et possède la meilleure enseigne de Remagen une petite ville qui se trouve dans une région réputée sur le plan thermal. Bien qu’il soit Allemand son patronyme est d’origine italienne. Jadis un Caracciolo s’installa vers les VII siècles dans la région. Avec le temps le nom se transmit de génération en génération prenant définitivement l’appellation de Caracciola. Le jeune Rudy grandit dans cet univers joyeux entouré de ses sœurs, mais Très rapidement il est fasciné par les automobiles qui commencent à fleurir en grand nombre. Adolescent il s’exerce à la conduite avec l’accord de son père. Il finit presque ses études au moment où la première guerre mondiale prend fin, Rudy décide de bifurquer vers ce qui l’intéresse l'automobile. Son père Otto grâce à ses contacts l’envoie à l’université de Dresde étudier la mécanique puis l’année suivante il prend ses quartiers dans une société basée à Cologne où il se familiarise avec ce qui lui manque de connaissance. Il devient rapidement commis chez Mercedes et il obtient ce qui l’intéresse réellement la possibilité d’avoir un volant en compétition car chaque week-end un tas de course se disputent dans le pays. Une fois le volant en main Rudy montre d’emblée qu’il est un pilote en devenir de la firme en remportant en 1922 une course très importante à Paris. Malgré ses succès Mercedes ne le retient pas et il file chez Fafnir où il remporte plusieurs courses mais cette petite firme connaît quelque problème et renonce à la compétition. En 1926 il participe en tant que concurrent privé sur une Mercedes lors du Grand-prix de l’Avus à Berlin, il l’emporte en battant notamment les pilotes officiels de l’étoile de Stuttgart sous le déluge en surclassant tous ses adversaires, ce jour la nait Regenmeister. Après cette démonstration Alfred Neubauer le tout nouveau directeur de course de Mercedes fait une offre à Rudy qui l'accepte immédiatement. Entre les deux hommes c’est le début d’une collaboration extraordinaire qui s’engage le tout doublé d’une forte amitié. Victoire à l'Avus 1926 Dans son contrat Caracciola devient également concessionnaire pour Mercedes à Berlin et en profite donc pour utiliser sa notoriété grandissante. La fin des années vingt le voit remporter plusieurs courses et tout naturellement le tout Berlin se presse pour lui commander différent modèle de Mercedes. Un jour il reçoit la visite d’un homme politique qui monte dans la République de Weimar , il lui signe un bon de commande au nom d’Adolphe Hitler. Rudy n’aime guère les politiciens et se méfie de ces derniers et de la drague qu’ils entreprennent avec lui. Entre temps Caracciola se retrouve avec une voiture qui fera date dans l’histoire de la course. Mercedes produit la S puis la SS la SSK et la SSKL des formidables machines de compétition qui pourtant étaient prévues à l’origine pour la route. Avec les SSK, il remporte un nombre incroyable de courses dans diverses formules, la cylindré étant parfois modifié. Sur le plan privé, il épouse une femme prénommé Charly qu’il fréquentait depuis un certain temps, et par la suite elle ne cessera d’accompagner son mari dans toutes les épreuves qu’il dispute. Associé à son mécanicien Willhem Sebastian il remporte la mythique Mille-miglia en 1931 face à l’armada des montures italiennes. Il affronte une multitude de glorieux adversaires au quatre coins de l’Europe dans toutes les catégories où il démontre une polyvalence qui impressionne le monde de la course. Dans des conditions extrêmes, il inscrit à son palmarès le prestigieux Tourist-trophy et les championnats d’Europe de course de côte. En action dans le mythique Tourist-Trophy en Angleterre. En vertu de la grande dépression que traverse le pays Mercedes décide de se retirer de la course en 1931. Face à cette situation Rudolf s’engage avec Alfa-Romeo pour la saison suivante. Au volant de sa P3 rouge puis de couleur blanche il remporte de nouvelle victoire dont son Grand-Prix national au Nurburgring. Sur les tracés complexes il prend la mesure de son grand adversaire Tazio Nuvolari qui lui aussi cours pour Alfa-Romeo alors que l’Italien domine sur les circuits plus conventionnels mais la tension se fait sentir entre les deux champions et Caracciola ne reste pas dans cette équipe entièrement dévouée à Nuvolari. La saison suivante va changer le cours de la vie de Karratsch. Avec son ami et adversaire Louis Chiron il monte l’écurie privé CCC qui engage des Alfa pour toute la saison. Lors de la première épreuve à Monaco Rudy et au prise avec des problèmes de freins puis à l’approche du bureau de tabac ces derniers rendent l’âme et sa voiture dérape et s’encastre violemment dans le mur et rebondit contre les balustrades. Le champion allemand est en mauvais état et souffre de plusieurs fractures. Les médecins monégasques vont faire l’impossible mais le champion ressort avec une jambe légèrement plus courte qui va lui laisser cette éternelle démarche légèrement claudicante... A Monaco où il fait lui-même le ravitaillement en 1929. Monaco en 1931. Contraint à un repos forcé durant plusieurs mois il s’installe avec Charly définitivement dans leur maison baptisée "Villa Scania" réalisée par l’architecte Fritz August Breuhaus qu’ils ont fait édifier à Castagnola une petite localité proche de Lugano en Suisse où le couple a décidé de vivre définitivement. Alors que Charly aide son époux jour et nuit dans sa convalescence Rudolf la persuade de faire un break et d’aller un peu se distraire avec des amis à la montagne. Charly prend ses skis et va s’adonner aux plaisirs de la glisse quelques jours mais alors que tout semble aller pour le mieux une avalanche se produit Charly est tuée. Rudy se sent anéanti alors qu’il recommence de nouveau à marcher. Face à ce terrible coup du sort le champion décide de renoncer à la compétition et il sombre dans la dépression... Rudolf et Charly Caracciola. C’est tout d’abord Alfred Neubauer qui vient le voir pour le raisonner et le réconforter lui assurant par la même occasion un retour chez Mercedes car en Allemagne, Hitler qui vient d’accéder au pouvoir a décidé que les firmes Auto-union et Mercedes devaient de nouveau concourir en Grand-prix. Avec Alfred Neubauer. Un peu plus tard ce sont Louis Chiron et sa compagne Alice Hoffman qui viennent à son chevet. La relation de ce couple semble plutôt fragile et Alice décide de s’occuper de Rudy jusqu’au moment où il reprendra la compétition. Il est difficile d’affirmer quoi que ce soit, mais il semble que la Très élégante Alice Hoffman New-yorkaise de naissance parlant six langues et mariée durant un temps au propriétaire Suisse des laboratoires Hoffman-Laroche fut d’emblée amoureuse de Rudy. Chiron était un amant volage beau parleur qui ne se préoccupait guère d’Alice. Alice Hoffman Au printemps 1934 Rudolf Caracciola reprend le volant pour quelques tours de parade à Monaco, mais le verdict est immédiat. Le champion souffre encore des séquelles de son accident et doit renoncer à une partie de la saison. Son état s’améliorant, il décide en fin d’année de participer à plusieurs courses. Son retour se produit au Klausen en Suisse. C’est l’épreuve de montagne la plus prestigieuse du calendrier que Rudy à déjà remporter à deux reprises par le passé. Littéralement couvé par Alfred Neubauer et Alice Hoffman il se met au volant de sa W25 . Vingt-deux kilomètres plus tard il accède au sommet avec le meilleur temps. Les concurrents suivant ne feront pas mieux et il s’adjuge ainsi sa première victoire. Après ce formidable résultât Neubauer l’engage pour les derniers Grand-prix de l’année. À Spa malgré la douleur il emporte et signe une ultime victoire à Monza. La revanche du triple champion d’Europe de course de côte est totale. Karratsch est de retour titre la presse. Pour son retour au Klausen avec Alfred Neubauer et Alice Hoffman. En tête à Monza au volant de sa W25. Gonflé à bloc il reprend le volant avec optimisme la saison suivante. En 1935 tous les automobiles clubs se sont mis d’accord pour décerner le titre de champion d’Europe des conducteurs qui jusque alors n’était pas reconnu par l’ensemble des organisateurs de Grand-prix ainsi que par les différentes fédérations. Caracciola est irrésistible durant toute l’année et signe six victoires dont une encore sur l’effrayant Nurburgring son circuit fétiche. Il se voit enfin décerner la couronne de champion d’Europe des conducteurs, c’est en fin d’année qu’il entame une liaison avec Alice faisant naître quelque tension avec Louis Chiron... Ce retour au sommet persuade définitivement le champion de rester en Suisse. Comme tous les pilotes allemands il reçoit le titre de capitaine dans la SS et se doit de respecter le protocole sur les circuits. Ainsi après chaque victoire il est tenu de faire le salut Nazi, mais il ne se gêne pas pour fumer une cigarette dans ces moments-là à la fureur du Korpsfuhrer Adolf Huhnlein le responsable du département automobile de l’état que Rudy exècre. Par son patronyme et son physique le champion, est loin d’incarner l’idéal du jeune Allemand triomphant tel qu’on l’imagine à Berlin mais il est bel et bien un des, si ce n’est le meilleur. Alfred Neubauer veillera à ce que cela ne soit jamais remis en question. La relation des deux hommes engendrera beaucoup de jalousie chez la plupart des coéquipiers ou adversaires de Caracciola. Victoire à Monaco sous la pluie en 1936 La saison suivante les W25 de Stuttgart sont dépassés par les nouvelles Auto-union de Ferdinand Porsche. Les monoplaces à moteur central se révèlent diaboliques et consacrent une toute nouvelle star en la personne de Bernd Rosemeyer! Rudy ne l’apprécie guère car il considère qu’il prend trop de risque. Un contentieux prend forme entre les deux au Bremgarten de Berne. Rosemeyer moins rapide sur le mouillé empêche Caracciola par le biais de manœuvres assez dangereuses de le dépasser. L’histoire finit dans le hall de l’hôtel où les deux champions accompagnés se lancent des noms d’oiseaux. La saison 1937 les Mercedes ont repris du poil de la bête. Les W125 sont sensationnelles et Rudy fait feux de tout bois en gagnant plusieurs victoires. Il s’adjuge assez facilement une deuxième couronne. Durant la saison ses relations avec Bernd Rosemeyer s’améliorent et les deux champions finissent par mieux se comprendre. En fin d’année les firmes de Stuttgart et de Zwickau participent à la Vanderbilt Cup avec l’autorisation du gouvernement allemand. Rudy qui vient d’épouser Alice tout en perdant l’amitié de Louis Chiron embarque avec sa femme à bord du transatlantique Europa en compagnie des Rosemeyer... Arrivé sur le sol Américain, le champion se sent en confiance. D’emblée il aprécie l’ambiance genre kermesse qui règne sur les circuits. Ce premier contact le persuade de courir tôt ou tard à Indianapolis. La saison terminée, il part se reposer avec Alice dans son refuge de Castagnola... La saison 1938 commence dès le mois de janvier avec les habituels records de vitesse un exercice dans lequel Rudy excelle également. Au volant d’une W125 entièrement carénée Caracciola établie un nouveau record à la moyenne de 432 Kmh sur le tracé Darmstadt-Francfort. Bernd Rosemeyer qui participe pour le compte de Auto-union se prépare à son tour. Karratsch le met en garde car de violentes rafales de vent on tendance à fortement déstabiliser les voitures. Rosemeyer prend acte et se lance, à l’assaut d’un éventuel résultat, au bout de la deuxième tentative l’ange blond de Lingen dérape à la vitesse de 417 Kmh et se fracasse contre la bordure de l’autoroute. C’est un nouveau choc pour Caracciola qui voit peu à peu beaucoup de pilotes disparaître les uns après les autres. 432,7 Kmh un record pour l’éternité... La saison 1938 est loin d’être de tout repos pour le double champion d’Europe en titre car au sein de l’écurie Mercedes la concurrence est forte avec Manfred Von brauchitsch , Hermann Lang et le pilote Anglais Richard Seaman. Lang est très rapide sur certains tracés mais Rudy malgré des souffrances qui reviennent périodiquement arrache quelques victoires et prend plusieurs places d’honneurs. C’est finalement à Monza au commande de la fantastique W154 conçue par l’ingénieur Rudolf Uhlenhaut que le natif de Remagen enlève sa troisième couronne. La course est terrible Von Brauchistch abandonne, voyant Caracciola au bord de l’épuisement Neubauer invite Von Brauchistch à prendre la voiture de Caracciola ce qui était autorisé à l’époque. Après un relais Rudy reprend le volant et va jusqu’au bout pour finir à la quatrième place au passage il termine avec la plante des pieds brûlés et déclare forfait pour les deux dernières épreuves de la saison... La dream team Mercedes Manfred Von Brauchistch, Richard Seaman, Hermann Lang et Rudolf Caracciola La saison 1939 commence par une domination d’Hermann Lang dès le Grand-prix de Tripoli, Rudy ne semble pas toujours présent, il pilote correctement, mais semble parfois manquer de détermination. Spa est le théâtre d’un nouveau drame, Richard Seaman un de ces coéquipiers se tue avant les stands. La voiture de Seaman dérape sur le mouillé et va s’encastrer dans un arbre. Un peu avant Caracciola était sortie de la piste alors qu’il était en tête de la course ce qui est rare pour celui que la presse allemande surnomme Regenmeister "le maître de la pluie". Caracciola semble fatigué par tous ces drames qui se multiplient, bien qu’il soit parfaitement conscient de ce que le métier de coureur automobile exige. Au volant de leurs monstres les pilotes sont soumis à un danger permanent. Les voitures atteignent des vitesses qui parfois dépassent les 300 Km/h en ligne droite elles ne permettent aucunes erreurs de pilotage. Hermann Lang occupe la tête du championnat quand se profile le Grand-prix d’Allemagne au Nurburgring. Dès le départ Lang s’envole mais, il commet une erreur et sort de la route en étant contraint à l’abandon alors que la pluie commence à tomber. Rudy se contente d’une course d’attente et laisse ses adversaires commettre des erreurs. Muni de son savoir celui qui connaît chaque virage et chaque mètre du tourniquet germanique de vingt-deux kilomètres pilote à la perfection. À mi-course il accélère le train et prend la première place pour remporter sa première victoire de la saison et une huitième victoire sur le circuit le plus terrifiant et le plus mythique du monde... Cette victoire lui redonne confiance. À Berne il termine seulement à trois secondes de Lang, mais les machines de Stuttgart demandent une concentration et une condition physique absolue. Rudolf est loin sur ce plan d’avoir les capacités requises pour piloter de telles engins à cause de ses handicaps, mais il compense par son sens inné de la course. Le titre semble promis à Hermann Lang malgré le net regain de forme des Auto-union avec Nuvolari et Muller aux commandes et Maserati en net regain de forme, mais les tensions internationales gagnent inévitablement les paddocks... Avec l’invasion de la Pologne par le Reich Allemand, la deuxième Guerre mondiale éclate et comme pour toutes les compétitions sportives les monstres cessent de rugir et gagnent divers garages pour un très long moment. Rudy est très affecté par le conflit, il décide de rester en Suisse. Quelque mois plus tard l’état allemand l’appelle sous les drapeaux pour mener quelques missions dans un cadre purement administratif mais le champion refusera. La défection de Caracciola n’enchante guère le gouvernement bien qu’elle ait été prévisible. Mercedes suspend son salaire sur le champ. Caracciola n’attend pas et demande la nationalité helvétique qui lui est octroyée en 1941 par l’administration Suisse. Là dans sa maison avec Alice à ses côtés, il laisse passer la guerre en attendant des jours meilleurs et en espérant un jour reprendre un volant. Rudolf Caracciola devenu citoyen Helvétique. La guerre terminée il se rend en Allemagne voir sa famille et ses anciens employés il découvre un pays ravagé qui lui semble presque étranger. Cependant, il découvre avec surprise que les anciennes voitures de Grand-prix sont en parfait état. Stockées dans des hangars elle n’ont subi aucuns dégâts. Très vite Rudy fait part de son intention au directeur de Mercedes d’emmener une W163 à Indianapolis. Le champion rêve de pouvoir courir avec sa monture argentée sur le célèbre ovale Américain. Le boss d’Indianapolis est enthousiaste à l’idée de voir Caracciola et Mercedes. Après maintes discussions, il parvient à ses fins mais un tas de problèmes vont survenir au moment du transfert de la monoplace avec notamment une grève du port qui ne permettra pas à Caracciola d’être présent à temps avec sa monture. Finalement il reçoit tout de même une invitation pour courir sous les couleurs du team Joel Thorne qui aligne des Adams-Sparks. En avril 46 Caracciola arrive dans l’Ohio et Rudy fait plusieurs tours pour prendre la mesure de sa nouvelle voiture. Alors qu’il file plein gaz un oiseaux le percute de plein fouet lui faisant perdre le contrôle de sa voiture qui s’écrase contre le mur et explose en mille morceaux. Le champion est dans un sale état. Il souffre de nouveau de plusieurs fractures, mais il est surtout inconscient et il restera quelques jours dans le coma. Retrouvant ses esprits, il accepte l’offre de Tony Hulman qui l’invite à passer sa convalescence dans une grande maison qu’il met à sa disposition. Plus tard Rudy, saura se souvenir du geste. Pour lui,vu son état, il n’est plus question de courir en Grand-prix. Après son retour en Suisse, il reprend du service pour Mercedes puis un peu plus tard il se voit associer en tant que consultant et pilote essayeur à la mise au point de tous les modèles de Stuttgart dont la mythique 300 SL à porte papillon. En 52 alors que le modèle doit être présenté dans les futurs salons de l’automobile une version course apparaît. Elle a été conçue pour le championnat de catégorie sport dans le cadre du challenge des marques crée par Charles Faroux. Alfred Neubauer qui a repris du service, dirige de nouveau son petit monde et propose évidemment un volant à Caracciola qui retrouve par la même occasion Hermann Lang son coéquipier d’avant guerre.... Dans un premier temps, il participe au Rallye de Monte-Carlo avec un modèle 220 puis il se présente au Mille-miglia sur une 300SL où il termine à la quatrième place cette course qu’il avait gagné vingt et un ans plus tôt. Durant ces deux épreuves, il put voir à quel point il était resté populaire parmi le public. L’épreuve suivante se déroule à Berne au Bremgarten un circuit où il triompha à trois reprises par le passé. Très en verve malgré ses cinquante et un printemps il part d’emblée en tète de la course au point de creuser l’écart sur ses poursuivants au bout d’une dizaine de tour sous les vivats de la foule. Mais à l’abord d’un virage les freins se bloquent la voiture dérape file dans un talus et tape un arbre. Le vieux gladiateur souffre de nouveaux de quelques fractures ce qui fera dire à Alice "heureusement c’est la bonne jambe". Pour Rudy c’est la fin de sa fabuleuse carrière de pilote. Berne 1952, la dernière course du grand Rudy En compagnie de Stirling Moss pour le lancement de sa biographie. Les années qui suivent verront l’ancien champion aller de réception en réception tout en continuent d’être disponible pour Mercedes. En 1959 il est victime d’une maladie du foie qui à raison de lui. Il est inhumé dans le petit cimetière de Castagnola tout près de sa maison. Quelques années plus tard Alice invité par les instances d’Indianapolis dévoileront les volontés de Rudy. Il voulait que tous ses trophées soient légués au musé du circuit d’Indianapolis. Les dirigeants furent très impressionnés et honorés par une telle donation. Alice disparaîtra quelques années plus tard, elle sera à son tour inhumée au côté de celui avec qui elle partagea tant de joie et de drame. Les trophées de Caracciola au musée d’Indianapolis. La formidable carrière de Rudolf Caracciola pose beaucoup de questions, dont une qui semble essentielle : à quelle place le situer dans l’histoire de la course automobile ? Évidemment le pilote fait partie des plus grands il n’y a aucun doute mais certains spécialistes auraient tendance à lui décerner la place de numéro 1. Il est impossible de faire un classement objectif, les époques sont fondamentalement différentes, les circuits et les voitures également. Il est vrai que Rudolf Caracciola courut à une époque où les épreuves en Grand-prix étaient dantesques! Il fallait avoir un courage extrême pour monter dans ces bolides, les circuits étaient très dangereux souvent construit pour repousser les limites de l’homme et le climat politique était très pesant. Les pilotes d’aujourd’hui échappent à ces contraintes auxquelles étaient soumis les champions de cette époque. Caracciola il est vrai était aussi un formidable pilote toute catégorie confondue. Sa polyvalence était diabolique que ce soit en rallye, en endurance, en Grand-prix, en course de côte ou pour les records de vitesse. Son style rapide tout en étant coulé fit merveille, il fut vainqueur dans toutes les situations, sa maîtrise sous la pluie inégalée avec des montures souvent supérieures mais aussi inférieures à ses adversaires, notamment au début de sa carrière. Impossible donc de comparer les époques. À la fin de sa vie alors qu’il donnait une dernière interview Alfred Neubauer passait en revue tous les pilotes qu’il avait connu et vu courir. De Lautenschlager à Murphy de Benoist à Nazzaro de Nuvolari à Rosemeyer de Fangio à Moss de Clark à Stewart et Lauda. Pour lui, Caracciola fut le plus grand. Bien sûr on pourra toujours mettre cette certitude de l’ancien patron de Mercedes sur le compte de l’affection qu’il portait à son pilote fétiche. Posant devant ses trophées dans sa maison de Castagnola. PALMARÈS DE RUDOLF CARACCIOLA - Champion d’Europe de course de côte en 1930,1931 catégories voiture de sport - Champion d’Europe de course de côte en 1932 catégorie monoplace. - Champion d’Europe des conducteurs en Grand-prix 1935, 1937 et 1938. - Vainqueur des Milla-Miglia en 1931. - Il totalisera 149 victoires toutes catégories au cours de sa carrière. - Il établira le record de vitesse en 1938 sur autoroute qui tient toujours aujourd’hui à la moyenne de 432,70 Km/h. source : http://www.sportvox.fr/article.php3?id_article=24858