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David Robache

Interview De carlos Tavarès

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Rencontre avec Carlos Tavarès par le blog auto :

B. : Alors justement, parlons des choses bien à venir. Où en est le projet Alpine ?

CT : Je crois que depuis septembre 2011 j’ai dit
déjà en tant que passionné d’automobile et de sport automobile qu’Alpine
c’est un joyau du groupe automobile Renault et qu’on ne pouvait pas
passer à côté de l’utilisation de ce joyau dont l’héritage et l’histoire
sont exceptionnels. D’ailleurs, je remercie un de mes amis qui a eu
l’intelligence de m’offrir quelques bouquins sur l’histoire d’Alpine qui
m’ont beaucoup inspiré.

Donc c’est clair que le groupe automobile Renault a besoin d’une
marque de sport pour la juxtaposer aux autres marques de l’entreprise,
et si il doit y avoir une marque de sport au sein du groupe, ce ne peut
être qu’Alpine parce qu’on va pouvoir s’appuyer sur cet historique, sur
cet héritage qui donne beaucoup de valeur à la marque.

On a donc commencé à travailler à partir de là en se disant également
qu’il fallait bien comprendre pourquoi les tentatives précédentes de
renaissance de la marque avaient toutes échoué. Nous avons étudié ces
cas et la conclusion qui est ressortie c’est, qu’à chaque fois, le
business plan ne fonctionnait pas. Pourquoi ? Parce que si vous voulez
faire une nouvelle Alpine, une Berlinette du XXIème siècle,
il faut laisser le talent des ingénieurs et des concepteurs s’exprimer.
Il va de soi que l’on met une certaine pression pour que les tickets
d’entrée soient contenus, pour que les coûts soient performants mais il y
a une limite au delà de laquelle vous ne pouvez pas aller parce que si
vous allez trop loin dans la réduction du ticket d’entrée de la voiture
vous empêchez le talent de l’entreprise de faire une super bagnole. Et
si vous les empêchez de le faire parce que vous ne leur donnez pas les
moyens économiques, ça ne sert à rien de relancer la marque avec une
bagnole qui va être à moitié attractive, ce serait du gâchis.

Nous sommes donc arrivés à la conclusion que pour que ça puisse se
produire il fallait qu’on ait un partenaire avec qui on pouvait partager
le ticket d’entrée, et ainsi faire en sorte que le business plan soit
facilité Vous n’avez plus que la moitié de l’argent à mettre sur la
table, et vous pouvez alors donner aux ingénieurs la possibilité de
faire une sacré voiture…

B. : Mais pour l’instant vous n’avez rien dit sur ce partenaire…

CT : Non, pour la simple raison que quand je
donnerai le nom de ce partenaire il sera assis à côté de moi et ce
serait inconvenant d’en parler sans qu’il soit dans la salle.

Nous avons donc commencé à travailler là-dessus fin 2011, début 2012.
Je suis allé à la rencontre de ce partenaire potentiel qui s’est montré
immédiatement intéressé par le projet, nous avons travaillé avec lui,
nous avons évidemment fait des modifications pour que l’intérêt de
chacun soit pris en compte et nous avons bien avancé. Nous sommes
maintenant dans un timing qui correspond à ce que j’avais affirmé,
c’est-à-dire que nous prendrions une décision en 2012. Et ce que je peux
dire de nouveau aujourd’hui c’est que je me considère en avance par
rapport à mon timing. Donc les choses avancent bien mais à partir de là
je ne peux pas vous en dire plus si ce n’est que je n’ai pas trouvé
jusque ici d’obstacles insurmontables. Les recherches auprès des
fournisseurs n’ont par contre pas encore été lancées car il faut tout
d’abord qu’on annonce officiellement la renaissance de la marque.

B. : En même temps certains n’hésitent pas à penser que le
concept A110-50 n’est pas présent au salon pour ne pas faire d’ombre à
la Clio et pourtant la rivale la plus dangereuse se trouve sur le stand
d’à côté chez Dacia.


CT : Ce sont deux sujets très différents. Je ne
crois pas qu’on puisse critiquer Renault pour sa timidité. Quand j’ai
pris le risque d’aller rouler quelques tours sur le circuit de Monaco
avec le concept car alors que rien n’avait été décidé c’était un risque
considérable, on aurait pu se planter, les choses auraient pu partir de
travers.

Je ne crois pas qu’on puisse dire que Renault n’a pas fait preuve
d’audace et d’anticipation sur la visibilité parce qu’on a déjà montré
la voiture à de nombreuses reprises et qu’on a décidé qu’ici on mettait
l’accent sur la Clio IV qui est un enjeu industriel pour l’entreprise.
Cela n’empêche personne de se rendre sur Internet pour consulter toutes
les vidéos faites sur le concept car, et franchement, pour nous, c’est
toujours une belle opportunité de le montrer. On l’a montré à Monaco, à
Goodwood, on en est très fier mais je crois aussi qu’il ne faut pas tout
diluer, il y a des évènements pour tout. Aujourd’hui on est réuni pour
marquer le retour de Renault sur le produit, le recentrage de
l’entreprise sur l’attractivité du produit et les jalons qui marquent ce
recentrage s’appellent Clio IV et Zoé donc on est centré la dessus. En
même temps on renouvelle le cœur de la famille Logan qui a fait le
succès de la marque Dacia avec trois produits à un prix qui laisse nos
compétiteurs blêmes puisque quand ils voient la Logan tricorps à 7700 €
ils se retrouvent dans un état de stress important, et c’est normal.

On a donc deux évènements absolument majeurs, le jour où on va se
réunir pour parler d’Alpine, on ne présentera que Alpine. Je crois qu’il
faut simplement gérer notre communication avec un bon centrage et une
bonne concentration sur un nombre limité de sujets sinon tout se dilue.

[NDLR : A noter que le concept A110-50 est bien présent au
Mondial, il se trouve Hall 8 dans l’exposition consacrée à la publicité
automobile, la précision ayant été faite par un collaborateur de Carlos
TAVARES à l’issu de cette réponse
]





B. : Vous présentez à Paris Clio IV et sa version RS, par
ailleurs vous avez depuis quelques années utilisé le nom de Gordini et
créé une gamme qui est certes bien sympathique au niveau des couleurs et
du décor mais qui a laissé les puristes assez largement aigris. Alors y
aura-t-il une Clio IV RS Gordini et si oui sera-t-elle traitée de la
même manière qu’actuellement ?


CT : Oui et non. Oui à la première question et non à la deuxième.

J’ai eu pour ma part le débat en interne à l’entreprise et il faut
reconnaitre que les gens commençaient à se prendre les pieds dans le
tapis entre le RS, l’Alpine, le Gordini etc. Donc j’ai essayé d’apporter
ma vision des choses. Vous trouverez dans l’entreprise des gens qui ne
sont pas encore alignés sur cette vision puisque c’est un sujet que nous
n’avons pas encore suffisamment débattu. Ma vision est la suivante : il
ne faut pas confondre griffe et marque.

La vision du portefeuille des marques de Renault c’est que nous devons en avoir 4 :

- Il y a la marque d’achat malin qui est Dacia. C’est la marque post
consumériste c’est-à-dire que ce sont des gens qui ont vu toute la
débauche technologique de l’industrie automobile, ils ont vu les modes
d’emploi épais comme ça et ils ont constaté que, ayant une voiture avec
plein de plumes ils n’en utilisaient finalement que le tiers. Ils se
sont donc dit finalement pourquoi est-ce que je paierais pour les deux
autres tiers des plumes alors que je ne les utilise pas. Le post
consumérisme c’est une tendance d’un certain type de clientèle qui se
dit finalement, moi, j’ai besoin d’une auto qui soit économe, qui soit
sûre, qui soit habitable et que je puisse utiliser tous les jours en
toute quiétude parce qu’elle est fiable. Je ne sais pas si c’est une
tendance lourde mais elle est réelle. On a d’ailleurs été très surpris
par les acheteurs de Dacia car on s’attendait à ce qu’ils soient des
gens avec de faibles revenus et ce n’est pas du tout vrai. Il y a
beaucoup d’acheteurs de Dacia qui ont des revenus tout à fait
conséquents mais qui achètent Dacia parce qu’ils se disent pourquoi
payer plus pour des fonctionnalités ou des innovations technologiques
que finalement je ne valorise pas.

- Nous avons ensuite Renault, qui est la marque dont la mission est,
modèle par modèle de faire hésiter un client de VW. Un client de VW qui
se dit je vais acheter une Polo il faut absolument qu’il se dise « tiens
il faut quand même que j’aille jeter un coup d’œil à Clio IV avant de
confirmer mon choix de Polo », idem pour le client Golf avec Mégane,
etc. Et là il ne s’agit pas d’un combat d’ego entre patrons d’entreprise
automobile, je ne cherche pas à être aussi gros que VW, je m’en fous,
mais je veux que le client qui a acheté une VW hésite entre cette VW et
la voiture équivalente de chez Renault simplement parce que cette
dernière lui a tapé dans l’œil et présente une attractivité. Donc c’est
un combat sur l’attractivité du produit et c’est le rôle de Renault que
de livrer ce combat. Nous avons par ailleurs une griffe sportive de la
marque Renault qui s’appelle RS et je vous dirai ensuite ou je mets
Gordini dans tout ça.

- Nous avons la marque de voiture de sport. Une marque à part
entière, ce n’est pas une griffe c’est une marque, elle s’appelle Alpine
et ce sont des voitures de sport au même titre que Bugatti n’est pas
VW.

- Enfin vous aurez un jour, peut-être dans 20 ou 25 ans (c’est
l’ordre de grandeur, il a fallu 30 ans à Audi), une marque premium qui
probablement s’appellera Initiale.

Ces quatre marques c’est donc la vision que nous avons. Après, à l’intérieur de ceci je reprends le sujet Renault.

Nous avons les dérivés sportifs de Renault avec RS, nous avons la
crédibilité, on a la F1, on a le sport, et de la même façon qu’à un
moment donné Mercedes a fait du AMG et bien nous on fait du RS et je
vais positionner Gordini comme étant la déclinaison piste des véhicules
RS. Autrement dit, si vous voulez une Clio RS Cup, la Clio RS Cup
s’appellera Clio RS Gordini. Maintenant vous allez me prendre à
contrepied sur ce point parce qu’il y a des gens dans l’entreprise qui
ne vont pas être d’accord, d’autres qui ne vont peut-être pas être
alignés et je vais devoir dépenser une certaine énergie pour convaincre
tout le monde. Mais je pense que la façon la plus simple et la plus
crédible, compte tenu de l’histoire de Gordini, c’est de considérer que
Gordini est une déclinaison piste des véhicules RS que les clients
utiliseront dans le cadre des journées passions sur les circuits…

http://blogautomobile.fr/entretien-carlos-tavares-164119#axzz28DoX0Mzg

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