Faire son popo dans le désert cf:Sahariens
Faire ses besoins dans la nature nous concerne tous. Même si en début de voyage, il est possible d’éviter d’aborder le problème de front, au bout de quelques jours, il va bien falloir faire quelque chose. Certains se demandent sans doute comment. En effet, notre vie civilisée nous a éloigné de savoir-faire élémentaires et naturels, mais la chose se complique ici du fait de l’absence de couvert et de feuillages, et de quelques particularités environnementales.
Le cadre général
Décrivons tout d’abord le cadre de l’exercice. Les voyages sahariens se déroulent dans le désert, tautologie ayant comme première conséquence que le terrain de vos exploits va probablement être relativement découvert. La vue porte à 20 km sur un terrain plat, ce qui nuit quelque peu à la discrétion.
Il convient également d’ajouter que si la vue porte loin, l’oreille est également peu perturbée par le bruit ambiant. En dehors du souffle du vent, rien ne couvre le bruit de vos efforts, qui peut porter à une distance surprenante. Soyez donc discret.
Puisque l’hypothèse de départ implique de faire ça sur le sol, étudions les différents types de sols que vous allez rencontrer.
Le sable est meuble et permet d’enterrer aisément les matières, mais présente quelques inconvénients. L’ensemble du groupe va généralement se rassembler aux mêmes endroits, car il y a probablement peu de choix autour de vous. Le vent va rapidement effacer les signes de fouilles. Si vous êtes le quatrième à occuper les lieux pour les mêmes activités, vous risquez de déterrer les restes de vos prédécesseurs, ce qui n’est pas très agréable. Autre inconvénient du sable : s’accroupir n’est plus une position naturelle pour faire nos besoins, la position est inconfortable, mais se complique du fait de l’effondrement du sol autour du petit trou que vous avez fait. Vos talons risquent de glisser dans le trou.
Les sols durs vous interdisent de creuser. Par courtoisie pour vos coéquipiers, et pour éviter que le vent ne fasse s’envoler quelques papiers compromettants, il est très nettement préférable de poser quelques pierres sur vos matières. Les Allemands cultivent parfois un autre style, qui peut se défendre sur le plan écologique mais manque quelque peu de discrétion : ils laissent partir les papiers au fil du vent, afin qu’ils se dispersent et se détruisent plus vite : cela sous-entend évidemment de repérer le sens du vent et de vous placer SOUS le vent par rapport au groupe.
Les épineux peuvent vous griffer à un endroit intime. En plus d’être désagréables, ces griffures, mal placées à un endroit où la transpiration entraine une certaine macération, peuvent s’infecter.
Les sols pierreux sont commodes pour planquer ses fesses ainsi que ses fèces, mais attention aux bestioles, ce serait bête de se faire mordre à un endroit qui rendrait toute demande de secours délicate pour son honneur de héros des sables.
La mise en oeuvre
Se cacher n’est pas toujours évident. Dans les dunes, ou lorsqu’il y a des buissons, la difficulté n’est pas grande, mais encore faut-il avoir pensé à cet aspect des choses dans le choix de l’emplacement du bivouac. Sur terrain plat, il y a plusieurs solutions, toutes imparfaites :
s’éloigner beaucoup : à 200 mètres, il est difficile de distinguer les détails anatomiques, à condition que personne ne soit assez idiot pour prendre ses jumelles. Attention cependant, si le vent de sable menace, cette solution est très imprudente : le vent de sable, comme le Mistral, se lève d’un coup et vous perdrez les voitures de vue, ce qui correspond à un arrêt de mort si vous ne retrouvez pas rapidement celles-ci.
attendre la nuit, ou le petit matin. La solution est meilleure, car elle demande moins d’éloignement du groupe, mais suppose que vous pourrez retrouver le chemin des voitures. De plus, il vous faut une lampe pour repérer le sol, car il serait bête de se fouler le pied ou de marcher sur une bestiole.
mettre la voiture en écran : c’est une bonne solution dans la journée, mais attention tout de même. D’une part, nos voitures sont très hautes, et vous risquez d’être visible par en-dessous : placez-vous derrière les roues. D’autre part, cela suppose que vous vous éloigniez ensuite du lieu, pour éviter de marcher dedans. Ceci ne convient donc pas au bivouac.
les écrans portatifs : le plus commode, c’est un grand parapluie de golf. Vous allez vous faire moquer de vous, c’est sûr (un parapluie en plein désert !), mais ce n’est pas mal si vous êtes très pudique : il se déplie et se replie en un clin d’oeil et prend peu de place dans le véhicule. Son défaut est de s’envoler au vent, il faut donc le caler ou l’attacher. Il existe aussi des cabines de douche qui se déplient en un instant ; il faut ensuite un brevet spécial et une formation commando pour les replier... donc c’est à vous de voir !
Le mode opératoire
En ce qui concerne la manoeuvre, il faut trouver la bonne position. Par peur des maculations, on a trop souvent tendance au début à pointer les fesses en arrière, ce qui est très fatigant, peu efficace, et très inélégant : la classe s’exprime en toute occasion, que diantre! La bonne position est un accroupissement très bas, talons moyennement écartés, en gros de la largeur de votre bassin: quasiment félin. Attention à la pente du terrain : celui-ci doit être plat ou presque, et il vaut beaucoup mieux se placer face à la descente quand il y en a, vous pourrez mieux surveiller l’écoulement des liquides et éviter ainsi de vous tremper les chaussures ; c’est également plus confortable pour nos mollets d’européens habitués aux talons de chaussures. Si vous trouvez des cailloux, mettez-en un sous chaque talon, vous serez plus à l’aise. Faire pipi à un autre endroit avant les choses sérieuses n’est pas une mauvaise idée, cela limite la taille de la flaque qui va s’étendre entre vos pieds.
Ceux qui ont des problèmes de genoux peuvent se bricoler un trône en découpant un trou dans un tabouret pliant en plastique : léger, discret et efficace. Un astuce pour se dépanner est de coincer des bouteilles en plastique dans le creux de ses genoux avant de s’accroupir, ça évite de trop plier les articulations et ça aide à la remontée.
Un petit trou dans le sol fera un réceptacle utile pour les déjections, en évitant qu’elles se dispersent ou roulent, surtout si le terrain est en pente. En creusant ou en déplaçant des pierres, faites attention aux animaux que vous pouvez déranger, qui ne sont pas forcément gentils : scorpions, vipères... c’est rare, mais ça arrive, essentiellement en été.
Pour viser le trou, sachez que votre anus se trouve approximativement dans le prolongement de l’axe passant de votre nombril à votre tête de fémur, ceci sur un plan latéral, bien sûr. Sur un plan frontal, j’imagine qu’il se situe au centre, entre vos fesses.
Choisissez si possible un endroit un peu venté, et si possible un peu loin des buissons, les mouches vous chatouilleront moins. A propos de vent, messieurs, il vaut mieux faire pipi dos au vent, ça évite de s’en mettre plein les godasses. Les Touaregs urinent à genou, à la fois parce que cela évite de remonter la djellabah trop haut et pour éviter la dispersion des gouttes aux quatre vents.
Dans la manoeuvre, un petit contrôle du sphincter pour éviter qu’il se contracte périodiquement (on a tous ce réflexe de "couper" le colombin à la bonne longueur) va limiter la nécessité d’une toilette appliquée. C’est tout bête, mais ça simplifie la vie, mais il faut s’entraîner avant. Le raid, c’est une discipline de tous les instants, on vous dit !
Ne traînez pas trop, l’air sec dessèche rapidement les matières et complique la toilette intime. Des câlinettes ou des lingettes humides (épaisses, elles se dessèchent moins vite) facilitent donc la toilette. Pensez à les sortir l’une après l’autre de leur emballage, car elles se dessèchent très vite à l’air libre, leur fraîcheur sur la peau, fort agréable, témoignant d’ailleurs de la forte évaporation. Sinon, un vaporisateur pas trop gros (pour se balader facilement entre vos jambes) vous permettra d’aider au nettoyage.
N’hésitez pas à vous nettoyer parfaitement, vous ne risquez pas de boucher les toilettes, et une hygiène impeccable limite beaucoup les soucis dûs à la transpiration et à la station assise prolongée en voiture. Profitez-en pour essuyez soigneusement vos aines, voire les plis du ventre si vous êtes grassouillet. Vous limiterez les risques de bobos de peau.
Evitez les feuilles végétales pour la toilette : c’est relativement efficace sous nos latitudes, où les feuilles sont plutôt larges et charnues, mais l’acacia, hein, c’est moyen, et même si vous trouvez des feuilles larges, vous risquez de tomber sur des plantes urticantes ou toxiques (genre calotropis. Au pire, en cas de panne ou d’urgence (une diarrhée impérieuse, par exemple, faites local : grattez avec une pierre ou frottez avec du sable, puis allez quand même vous lavez les mains avant de faire la cuisine et compléter la toilette dès que possible !
Recouvrez vos déchets, ou mieux, brûlez-les, puis revenez sans trop traîner vers le campement, une absence prolongée pouvant inquiéter vos co-équipiers.
Conseils de santé
Puisque vous allez voir vos déjections, et qu’un réflexe reptilien vous fera vérifier leur apparence, profitez-en pour faire un petit bilan personnel.
Des selles de petite taille, dures et sèches montrent un manque d’hydratation. En effet, le contenu des intestins est utilisé par le corps comme une réserve d’eau. Si celle-ci semble très utilisée, c’est que vous ne buvez pas assez. Vous devez absolument avoir des selles d’une consistance normale, tout dessèchement vous avertit précocement qu’il faut boire plus. Dans le même temps, surveillez vos urines : trop concentrées, en tout cas plus que d’habitude, vous ne buvez pas assez.
Une constipation passagère en début de voyage est habituelle, et cède normalement au bout de quelques jours. Si elle vous gêne, une petite séance d’abdominaux devrait activer le transit.
Les diarrhées sont souvent dues à un germe absorbé lors d’un repas préparé dans des conditions d’hygiène défaillantes, chose fréquente dans les bouibouis de bord de route. Une gastro-entérite est extrêmement handicapante et doit être soignée rapidement, car elle entraîne une forte déshydratation.
tout d’abord, contrairement à une idée répandue : boire beaucoup (plus que d’habitude, car vous perdez beaucoup d’eau)
limiter le flux à l’aide d’Immodium. Ce traitement est purement symptomatique et limite le flux liquide.
éviter les anti-infectieux de style Ercéfuryl en traitement systématique, car leur action est brutale et sans discernement (ils tuent toutes les bactéries, bonnes ou mauvaises, et peuvent provoquer d’autres troubles). Réservez-les aux diarrhées aiguëes (comprenez : "graves") d’origine présumée bactérienne [2]
absorber une dizaine de capsules d’Ultra-levure deux fois par jour. Ces "bonnes" levures vont coloniser les intestins et bloquer le développement des germes pathogènes.
réduire l’alimentation. Se contenter de riz blanc, de pâtes, de pain grillé. Evitez absolument les crudités et les laitages.
adapter le rythme du voyage aux contraintes nouvelles : fatigue du malade et arrêts fréquents.