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Ca va mal a wolfburg

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La plus grande usine du monde

C'est « la plus grande usine du monde sous le même toit » : 49 000 salariés, 4 km de longueur, 6,5 km2. A Wolfsburg, les superlatifs sont de rigueur. Le guide du petit train qui nous promène dans deux des innombrables et immenses halls de fabrication aligne les chiffres : 2500 tonnes de tôles pressées par jour, 1450 robots dans un seul atelier de soudure des carrosseries. Un panneau, au coeur du site, annonce le nombre de voitures produites ici depuis la tout première Coccinelle : 34 948 294, jeudi 8 septembre à 18 h 20. Parmi elles, près de 11 millions de Coccinelle et 12,3 millions de Golf. Derrière ces chiffres époustouflants se cache cependant une réalité difficile : l'usine ne produit, depuis des mois, qu'à moins de 70% de ses capacités. 2700 à 3000 Golf 5, Golf Plus et autres Touran sortent de ses chaînes, alors qu'elle est dimensionnée pour plus de 4000 véhicules/jour.



« Plus de paradis industriel »

Le chômage peut coûter cher à Gerhard Schröder, dimanche 18 septembre, lors des élections législatives. Pourtant, à Wolfsburg, chez Volkswagen qui annonce 10 000 suppressions d'emplois, les salariés parlent économie plus que politique.

Hitler avait baptisé la ville KdF-Stadt (Kraft durch Freude : la ville de la force par la joie). Souvenons-nous : il avait promis une « voiture du peuple » à chaque ménage allemand pour moins de 1000 marks. Ce fut la Coccinelle imaginée par Ferdinand Porsche. Pour la construire, le régime avait décidé d'ériger un site industriel ultra-moderne sur le Mittellandkanal, à 80 km de Hanovre. L'usine – les KdF Werke — et la ville ont grandi ensemble à partir de 1938. Hitler est mort, le sigle KdF a laissé la place au nom de Wolfsburg, hérité du château voisin, et bien plus sympa à l'oreille. Mais le patronyme de Volkswagen et sa vocation de laboratoire industriel et social ont survécu et prospéré. Soixante ans durant, Volkswagen a assis sa réputation sociale sur des salaires parmi les plus élevés d'Allemagne et un dialogue exemplaire entre la direction et le syndicat IG-Metall, qui fédère 95 % du personnel. Ici, on parle de « Haustarif », de « Hausvertrag » : tarif, contrat maison.

Fierté en berne

« VW, c'est une fierté pour toute l'Allemagne », souligne Dieter, qui travaille sur une ligne de presses depuis 15 ans. « Mais aujourd'hui cette fierté est à l'image de l'emploi dans le pays : en berne ». L'annonce, la semaine dernière, de 10 000 suppressions d'emplois sur 100 000, en Allemagne, a été un choc. Le personnel se croyait à l'abri de ce genre de nouvelles, après la signature, en 2004, d'un accord « donnant-donnant » entre la direction et IG-Metall : pas d'augmentation des salaires, pas de licenciements. « Cet accord porte jusqu'en 2011 », explique Thomas, qui travaille dans l'administration centrale. « Mais il porte sur l'absence de licenciements, pas sur des départs en préretraite. Et surtout, il prévoit de possibles adaptations si la situation économique se dégrade. Et c'est justement le cas depuis un an. » « Tout le monde a peur », constate Jörg Lünsmann, chef d'agence à la Wolfsburger Allgemeine Zeitung. « Les salariés se rendent compte que le meilleur accord du monde est bâti sur du sable si l'entreprise n'est pas capable de lutter à armes égales sur le plan économique. » « Nous vivons aujourd'hui chez Volkswagen ce qu'ils ont vécu l'année dernière chez Opel », renchérit Claudia, qui travaille au montage final. « Il n'y a plus de paradis industriel en Allemagne ».
La Golf 4x4 sera-t-elle fabriquée au Portugal ?
Sur la sellette, les coûts de fabrication : la direction de VW parle d'implanter au Portugal le site de production de la future Golf 4x4. En payant des salaires portugais, elle chiffre le gain à 1000 euros par voiture. Plus encore que la réduction des effectifs annoncée la semaine dernière, c'est cette menace qui pèse sur les esprits à Wolfsburg. « Les suppressions d'emplois devraient se faire en douceur, par départs naturels et préretraites », explique Jörg Köther, chargé de communication au syndicat IG-Metall à Hanovre. « Elles s'étaleront sur plusieurs années, et ne devraient pas perturber gravement l'économie. En revanche, si la Golf 4X4 nous échappait, ce serait un manque à gagner énorme pour Wolfsburg. L'usine produit déjà à moins de 70 % de ses capacités. Comment voulez-vous garantir l'emploi en délocalisant la production ? » 18 000 salariés de Volkswagen, sur les 49 000 de l'usine, un chiffre jamais vu, ont participé lundi dernier à la réunion d'information organisée sur le site par IG-Metall, et au cours de laquelle la nouvelle direction, nommée après une affaire de corruption en Inde et au Brésil, a présenté son plan. « L'atmosphère était lourde », confie Andreas, qui pourrait faire partie des futurs préretraités, puisqu'il a 54 ans. « Mais à quoi bon se plaindre ? Il va bien falloir trouver une solution pour redevenir compétitifs ». Thomas résume l'avis général : « Faire grève, pourquoi ? Nous avons arrêté le travail l'année dernière pendant deux heures, lors des négociations sur le contrat d'entreprise. Juste pour montrer qu'on était là. Aujourd'hui il s'agit de se battre pour obtenir la construction de la Golf 4x4. »
Les quotidiens régionaux consacrent chaque jour plusieurs pages aux menaces sur l'emploi chez Volkswagen. Les habitants de Wolfsburg sont à l'affût de toute information, car rien n'est encore définitif, et surtout pas le lieu de fabrication du futur 4x4 Golf.


Produits dérivés et banque maison

A Wolfsburg, on travaille chez Volkswagen, on roule, bien entendu VW, mais on fait bien plus que cela encore : Ouvrir un compte ? Il y a la banque Volkswagen. Se loger ? Volkswagen Immobilien veille. Se chauffer ? La centrale thermique de Volkswagen alimente une partie de la ville, qui compte 70 000 habitants (123 000 avec la banlieue). Manger ? La grande cuisine de Volkswagen livre les cantines de l'usine et bioen d'autres restaurants d'entreprise en Allemagne. Par exemple celui de l'usine Opel à Bochum. Elle produit sa propre saucisse au curry, la saucisse Volkswagen qui est, paraît-il, connue dans toute la Basse-Saxe, voire au-delà, et le ketchup Volkswagen. Faire du shopping ? A l'entrée de l'usine, un magasin de produits dérivés propose blousons et casquettes siglés VW, voitures miniatures, maroquinerie… On y trouve, bien entendu, le fameux ketchup maison. Se divertir en famille ? Volkswagen a inauguré en 2000, par le biais d'une filiale, une « ville de l'auto » qui jouxte l'usine et qui est un mélange de parc d'attraction et de musée. Ceux qui achètent une Volkswagen, n'importe où en Allemagne et en Autriche, peuvent venir ici retirer leur nouvelle voiture, tout en bénéficiant d'un tour dans l'usine en petit train. Jusqu'à 500 d'entre eux sont ainsi accueillis tous les jours. La « ville de l'auto » est aujourd'hui sans conteste le secteur le plus prospère du groupe à Wolfsburg : elle accueille deux millions de visiteurs par an et fait travailler, directement ou indirectement, 2000 personnes.

Dans la rue principale de Wolfsburg -la rue Ferdinand Porsche, comme il se doit- la banque Volkswagen.



L'impossible maintien de l'emploi

Est-il possible de gagner la bataille de l'emploi en continuant, sur la lancée des années 80 et 90, à réduire les horaires et à partager le travail ? A Wolfsburg, plus personne n'y croit vraiment. « En 1993, un accord a été signé, réduisant la durée de travail hebdomadaire de 20 % (de 35 h à 28,8 h) et les salaires avaient été réduits dans la même proportion de 20 %. Cela avait permis de faire baisser les seuls coûts du travail de 1,4 milliard de marks par an. Mais l'année suivante, cette économie avait déjà été mangée », s'exclame Thomas, qui travaille à l'administration du groupe. Il poursuit : « Aujourd'hui, les 28,8 heures de travail hebdomadaire font dire aux Allemands que chez Volkswagen, "ils sont payés pour se reposer". Ils oublient que cet accord était surtout destiné à préserver l'emploi. » Le syndicaliste Jörg Köther estime pour sa part que l'on ne reverra jamais une usine de Wolfsburg avec 60 000 salariés, comme ce fut le cas il y a une vingtaine d'années. « Même si les ventes redémarrent très fort, les gains de productivité remplaceront forcément les embauches. Regardez ce qui se passe dans la sidérurgie : après une crise dans les années 70, le secteur a connu une superbe embellie depuis cinq ans. Les aciéries et les hauts fourneaux tournent à plein. Mais les effectifs ne sont pas remontés. La sidérurgie allemande occupe encore 80 000 salariés, moins que Volkswagen, qui emploie 100 000 personnes en Allemagne, dont 49 000 à Wolfsburg ! » Pour le syndicaliste, les futures créations d'emplois sont à trouver ailleurs que dans l'industrie traditionnelle. « Dans les nouvelles technologies bien sûr, mais pourquoi pas dans aussi dans des initiatives comme la "ville de l'auto", qui jouxte l'usine Volkswagen » ?

No comment.................

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