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une saison pas comme les autres!!

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Les impressions de loeb sur son site
http://www.sebastienloeb.com/html/actu/interview2006-sebastienloeb.htm
Une saison pas comme les autres !

Tu as vécu une saison 2006 hors du commun. Quels en ont été les points forts ?

Si je devais retenir les événements qui m’ont marqué cette saison, il y en aurait trois. Le premier qui me vient à l’esprit, c’est mon duel avec Marcus au rallye du Japon. Quel rallye ! Je n’avais jamais vécu une course avec autant de stress et d’intensité. Il a vraiment fallu se battre jusqu’au bout pour aller chercher cette victoire synonyme de record. Le deuxième est mon accident en VTT et ma fracture du bras, qui n’était certainement pas la meilleure nouvelle de l’année. La dernière, c’est bien-sûr mon troisième titre mondial.

Si quelqu’un, t’avait dit un jour que tu serais au moins trois fois Champion du Monde des Rallyes, y aurais-tu cru ? Quand t’es-tu dit pour la première fois « je peux être Champion du Monde » ?

Quand j’ai commencé, je ne pensais pas à ça. Je prenais les courses les unes après les autres. Mon but était de faire du rallye, un point c’est tout. Au fur et à mesure de mon apprentissage et de mes progrès, c’est d’abord l’envie d’accéder au mondial qui me motivait. Le jour où je me suis dit que devenir Champion du Monde, c’était jouable, c’est au San Remo 2001 où j’ai terminé 2ème pour ma première participation en Mondial au volant d’une WRC. Mais le vrai déclic, je l’ai eu en 2003 pendant le rallye d’Australie lorsque j’ai vu que sur terre, j’étais devant mes 2 coéquipiers Colin et Carlos, deux anciens Champions du Monde. Là j’ai commencé à croire en mes chances.

Si tu devais choisir un rallye en 2006, ce serait celui du Japon ?

Pour la course en elle-même, oui ! C’est certainement l’une des plus belles courses de ma carrière. J’ai rarement vécu des spéciales aussi intenses. Ce rallye m’a en plus permis de remporter le record du nombre de victoires.

Justement, ce record, c’était un de tes objectifs de 2006 ou c’est juste du bonus ?

Ce n’était pas mon objectif premier à la base. Mais bon, quand tu en es à 25 victoires, que tu n’es plus qu’à une victoire pour égaler le record et deux pour le battre, c’est vrai qu’au fur et à mesure que la saison avance, ça devient presque un objectif. En plus ça fait des points en plus au championnat. C’est le record qui a le plus marqué le championnat. Maintenant j’espère qu’avec Citroën, on va réussir à augmenter encore ce record pour le rendre plus dur à atteindre. Il ne faut pas oublier que Marcus en est à 25 victoires !

Cette saison tu l’as passée au sein du team privé Kronos. Quel bilan en tires-tu ?

Positif ! Très positif. Le but cette saison était d’essayer de conserver le titre mondial des pilotes. Nous y sommes parvenus ! Le contrat est donc rempli. J’aurais aimé leur apporter le titre constructeur. Si je ne m’étais pas cassé le bras, je ne sais pas si cela aurait changé quelque chose. Toute l’équipe Kronos a fait du super boulot, ils ont été pros jusqu’au bout. Marc Van Dalen et le Team ont tout fait pour que je sois dans les meilleures conditions pour conserver mon titre. Ils y sont parvenus. J’ai eu une voiture parfaite durant toute la saison, nous avons travaillé dans une ambiance super sympa toute l’année. Je garderai de très bons souvenirs de cette aventure.

Le jour où tu as signé avec Kronos, t’attendais-tu à vivre une saison comme celle-là ?

Quand j’ai signé avec Kronos, je ne partais pas dans l’inconnu. J’allais rouler dans la Xsara, que je connaissais par cœur, et je savais que Citroën allait être derrière Kronos pour les aider à régler et à préparer la voiture. Je n’avais aucune crainte de ce côté. Pour ma part, j’avais analysé la saison précédente de Kronos qui n’était pas si mal que ça, avec notamment une deuxième place de Stohl à Chypre. Ils avaient réussi à avoir une voiture stable toute la saison. Dès lors, je ne prenais pas de gros risques au final en signant chez eux en 2006.

Tu es content de retrouver officiellement Citroën en 2007 ?

Oui, c’est sûr que ça me fait plaisir. Je suis quand même un peu triste de quitter Kronos car on a vécu une belle aventure ensemble. Mais, bon, il y avait aussi beaucoup de personnes de chez Citroën qui ont travaillé toute l’année dans l’ombre. Ils n’ont pas pu participer à la fête et je ne leur ai pas amené le titre constructeur. Rien que pour ça, je suis content de les revoir cette année pour essayer de gagner ensemble. Et puis je sais que Guy a des fourmis dans les jambes. On va le ressortir, ça va lui faire du bien ! (rires !)

Lors du dernier Race Of Champions, tu as dit au revoir à la Xsara. As-tu eu un pincement au cœur ?

A vrai dire, je n’y ai pas vraiment pensé. Ça m’a plutôt « gonflé » de perdre mon titre de Champion des Champions ! Pour moi, je lui ai dit au revoir à Chypre. J’aurais préféré finir ma saison avec elle en Grande-Bretagne, mais bon, je suis quand même heureux d’avoir gagné ma dernière course avec la Xsara, je lui devais bien ça.

L’an prochain, tu vas courir contre elle, tu penses qu’elle sera encore dans le coup ?

Oui, certainement ! Cette saison l’a prouvé ! Nous avons réussi à être aux avant-postes toute la saison. Je ne vois pas pourquoi d’un coup elle serait hors jeu ! En plus, les teams privés ont prouvé qu’ils savaient s’occuper de ce genre de voiture pendant une saison complète et pouvaient prétendre aux podiums, alors pourquoi pas en 2007 ! Pour moi ça reste une voiture très efficace, très agile, facile à conduire. Je pense que c’est un bon plan pour les privés d’acquérir une Xsara en 2007.

En fin d’année, tu as accumulé les séances d’essai avec la C4 WRC. Tout se passe comme prévu, malgré le retard dû à ton accident ?

Pendant ma convalescence, les essais ne se sont pas arrêtés. Les pilotes d’essai Citroën et Dany Sordo ont bien bossé. Ils ont essayé pas mal de choses. Certaines ont été conservées, d’autres non. Lorsque j’ai repris le volant, je ne l’ai pas trouvée transfigurée, il n’y avait pas de grosses nouveautés. Ce qui m’a rassuré, c’est que lorsque j’ai quitté les essais, j’avais un bon feeling avec la voiture. Quand je l’ai reprise en main, j’ai de suite retrouvé ce feeling. Au final, je ne pense pas que l’on ait perdu beaucoup de temps.

Quelles différences majeures as-tu notées entre la Xsara et la C4 ?

Au début, je trouvais que la C4 manquait d’agilité par rapport à la Xsara. Par contre, elle avait tendance à être plus stable. Nous avons travaillé sur la Xsara pendant 6 ans, elle est donc équilibrée à merveille. Cela devient dur de réussir à être plus en confiance dans une autre voiture, surtout quand la précédente a été développée autour de soi. Avec la C4, il y avait tout à refaire. Je pense que nous avons trouvé un bon compromis pour débuter la saison. Il nous faudra quelques courses avant d’être à 100% sur tous les points. Le verdict viendra en course car aujourd’hui, nous ne travaillons que sur la technique et sur les sensations, sur des routes que l’on connait par cœur. Nous n’avons pas de concurrence lors des essais, nous ne pouvons donc pas nous étalonner par rapport aux autres. Une voiture peut très bien être efficace en essais et difficile à piloter en conditions de course. Pour le moment, j’ai un bon feeling avec la voiture, on peut donc être optimiste. Mais je n’aime pas brûler les étapes, nous en saurons plus le 21 janvier prochain.

Cela n’a pas été trop dur d’adapter ton pilotage à la C4 ? La position au volant par exemple n’est pas la même dans les deux voitures.

Oui, c’est déroutant au départ, mais ce n’est pas trop gênant. C’est vrai qu’on voit un peu moins bien la route dans les virages serrés et je ne sais pas trop comment la voiture va réagir sur des spéciales « terre » lentes. Le problème risque d’arriver lorsque nous roulerons « à la découverte », on pourra être plus facilement surpris. Mais bon, on s’y habitue vite, d’autant plus que je ne suis pas retourné dans la Xsara depuis des mois sauf pour la ROC. Du coup, j’ai vite trouvé mes repères sur la C4.
En rallye, les WRC sont issues des voitures de série. La C4 n’est pas une voiture de rallye à la base. Elle plus longue, plus large et la visibilité est moins bonne que sur la Xsara. Ça ne représente pas que des avantages dans notre discipline. C’est à nous de nous adapter à la voiture et de travailler encore plus en essais pour compenser tout ça et rendre la C4 plus performante que la Xsara.

2007, une nouvelle saison, une nouvelle voiture, quatre nouveaux rallyes, à quoi t’attends-tu cette année ?

Je souhaite continuer sur ma lancée ! J’espère ne pas me recasser le bras, ni l’autre d’ailleurs. J’espère aussi qu’on pourra se battre une nouvelle fois pour les 2 titres mondiaux. Bref, ce sera une saison pleine d’espoir avec beaucoup d’inconnues. Une voiture neuve, une Focus qui sera certainement encore plus performante, quatre nouveaux rallyes en comptant le Monte-Carl. C’est vrai que cette année, il va y avoir beaucoup de nouveautés. J’ai confiance en mes ingés pour rendre la C4 la plus compétitive possible. Ils ont bien réagi dès le départ quand la C4 n’était pas au top. Ils ont déjà réussi à en faire une voiture saine. A force de travailler, on y arrivera. Mais la question est de savoir si on sera efficaces de suite, dès le début de saison.

Penses-tu que la saison qui s’annonce se résumera à un duel Loeb/Grönholm ?

Je ne pense pas. Peter et Subaru étaient mieux en fin de saison. Cette année, ils seront montés en BFGoodrich comme nous. Je pense qu’ils peuvent revenir. Marcus sera évidemment l’homme à battre, c’est sûr. La Ford marche fort et Marcus est l’un des meilleurs pilotes du moment. Ça promet encore de belles bagarres. Les teams privés pourront peut-être aussi jouer quelques podiums, mais de là à jouer le titre mondial, il y a encore une marge.

Parmi les trois rallyes supprimés du calendrier, y en a-t-il qui vont te manquer ?

Non, pas vraiment. Le rallye d’Australie était loin et dangereux, celui de Chypre était très cassant, … Ils avaient quelques spéciales sympas, mais bon, c’est bien d’avoir de nouvelles épreuves. Je trouve que les trois rallyes qui les remplacent (le Portugal, l’Irlande et la Norvège) sont de très bons choix. Tant sur le plan sportif que marketing. C’est sûr que pour la marque, Citroën aura plus de chances de vendre des C4 en Irlande, en Norvège ou au Portugal plutôt qu’à Chypre, en Australie ou en Turquie. De ce que je connais de ces pays au niveau géographique, je m’attends à avoir trois rallyes très intéressants.

Y a-t-il un rallye que tu souhaites plus que les autres gagner cette année ?

Oui… la Finlande et l’Angleterre. Ce sont deux rallyes que je n’ai jamais gagnés. Ce serait en plus un beau challenge pour la C4. La saison passée, je n’étais pas loin de Marcus sur ses terres. C’est vrai que la Finlande est un beau défi, et moi, j’aime les défis.

Et sur l’avenir du WRC, quel regard portes-tu sur ta discipline et ses modifications ?

2006 n’aura pas été la saison la plus excitante pour les spectateurs je pense. Avec les retraits de Peugeot, Citroën et Mitsubishi et avec la présence partielle de Skoda, 2006 ne s’annonçait pas très bien. Pour ma part, mon duel avec Marcus a été passionnant. Les bagarres n’ont jamais été aussi serrées, nous avons dû sérieusement batailler tous les deux. Mais bon, c’est vrai que pour la discipline, il faudrait d’autres constructeurs pour donner plus d’intérêt et de spectacle au championnat. Nous nous attendons à l’arrivée officielle de Suzuki. J’espère que ça donnera des idées à d’autres pour nous rejoindre.
En ce qui concerne la réglementation, l’objectif est le même pour tout le monde, c’est la réduction des coûts. L’investissement aujourd’hui pour un constructeur est peut-être trop important par rapport aux retombées médiatiques. La solution serait de baisser les coûts et d’augmenter la médiatisation pour que cela devienne plus rentable. Les décisions prises par l’ISC vont dans ce sens. Après, il ne faut pas non plus faire n’importe quoi ! Supprimer les « ATS » (système anti-crevaison) est une « connerie ». On nous dit qu’on les supprime pour plus de sécurité, mais pour moi, les « ATS » sont justement facteurs de « plus de sécurité » ! Je me rappelle d’une sortie de route sur crevaison. A l’époque, tu pouvais ne pas sentir une crevaison sur un virage et sur le suivant ta voiture file tout droit. Pour la sécurité des équipages et des spectateurs, il est très dangereux de supprimer les « ATS ». Je ne comprends pas trop ce genre de décision.
Repasser à des différentiels mécaniques, interdire telle ou telle aide pilotée, je trouve que ça par contre, ça va dans le bon sens. Mais il faut aussi respecter d’autres points techniques, car si c’est pour se retrouver avec des Groupe N, on perdrait beaucoup en spectacle. Il ne faut pas oublier que le rallye c’est avant tout un beau spectacle. On verra ce que l’avenir nous proposera, mais j’espère sincèrement que tout le monde va travailler dans le bon sens.

Aurons-nous la chance de te voir aux 24 Heures du Mans en 2007 ?

Ma priorité reste le rallye, mais pourquoi pas ! Aujourd’hui, je n’ai pas encore pris ma décision et nous n’en avons pas encore parlé avec Henri (Pescarolo). J’ai eu d’autres préoccupations ces derniers temps ma convalescence. On va déjà attendre de voir comment va se passer le début de saison. Il est sûr que je ne serais pas à 100% de mes capacités pour le Monte-Carl. Les 24 Heures du Mans restent une épreuve très physique. Si je ne suis pas en pleine possession de mes capacités physiques au printemps, je n’irais pas quoiqu’il arrive.

Gagner les 24 Heures du Mans pourrait être un de tes objectifs ?

J’aimerais bien mettre mon nom au tableau d’honneur de cette épreuve mythique, mais de là à dire que c’est un de mes objectifs prioritaires, peut-être pas. Cette année, avec l’arrivée de Peugeot et la présence des Audi, il sera très dur pour une voiture « non diesel » de gagner.

En cette fin d’année 2006, il y a eu beaucoup d’élections : sportif de l’année, personnalité de l’année, sportif préféré des français, etc.… Ton nom apparaît à chaque fois. Quel regard portes-tu sur ta notoriété toujours grandissante ?

Ça fait plaisir de voir que l’on est apprécié des gens. Je suis d’autant plus heureux que le rallye n’a pas la couverture médiatique qu’a le foot, le tennis ou le rugby. Je suis content de savoir que ma personnalité plait. Je n’ai pas changé, d’ailleurs je ne vois pas pour quoi je changerais. Je ne suis pas du genre à faire des trucs, juste pour être bien vu. Je reste comme je suis et apparemment c’est ce qui plait. C’est bien aussi pour Citroën car ma notoriété sert la marque. Et après tout ce qu’ils ont fait pour moi, si ça peut leur rendre service, j’en suis heureux.

Autre chose à ajouter ?

Oui, je profite de cette interview pour vous présenter à tous une excellente année 2007. J’espère que vous serez aussi fiers de moi en 2007 comme vous l’avez été en 2006. Vous pouvez compter sur moi, je ferai tout pour ne pas vous décevoir !

Propos recueillis par Thomas Matera
©️ SebastienLoeb.com – 04/01/2007

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