Nicodisco 0 Posté(e) le 19 juin 2008 Les organisateurs du Salon du Bourget auraient-ils senti le vent du boulet ? Cette année, le Salon international de l’aéronautique propose un rendez-vous de l'aviation verte qui ouvre ses portes demain. Ça fait pas un peu oxymoron? Car, il ne faut pas se leurrer, l’aviation fait partie des secteurs industriels où il n’existe pour l’heure aucune alternative au pétrole. Peut-être qu’à moyen terme, l’aviation légère, de loisir, peut envisager de remplir son réservoir avec un ersatz de pétrole, mais pour les gros porteurs, peanuts. Quelques prototypes propulsant les aéronefs avec des batteries électriques existent … mais on est plus proche de la maquette de modélisation que du vrai zinc. On évoque l'hydrogène, les piles à combustible..., bref, toute la batterie désormais traditionnelle de la motorisation pseudo-propre, mais il ne faut pas compter dessus avant au moins vingt ans, pour cause de sauts technologiques impossibles à franchir aujourd’hui. Le trafic aérien est responsable de 2,5 à 3% des émissions mondiales de CO2. Pas important, me direz-vous. Sauf qu’à haute altitude, les gaz rejetés ont un pouvoir réchauffant bien supérieur à ceux émis au niveau du sol. Sans compter que les avions rejettent d’autres gaz à effet de serre que le CO2: vapeur d’eau (et oui, c'est un gaz à effet de serre), ozone… En France, le transport aérien (y compris les vols internationaux arrivant en ou partant de France) consomme à peu près 25% de ce que consomment les voitures particulières. Mais surtout, les émissions augmentent beaucoup plus vite que celles du reste de nos activités. Pendant que les émissions mondiales de CO2 prenaient +15% entre 1990 et 2002, celles du transport aérien augmentaient du double. Ils ne le formulent pas ainsi mais les constructeurs ou les compagnies aériennes n’ont guère d’options: optimisation de la consommation des moteurs (les efforts ont payé par le passé, division par 5 des consos entre 1950 et 2000, mais aujourd’hui ?), procédures de roulage avec un ou deux moteurs coupés, descente continue… Mais c'est maigrichon. Pendant ce temps, rappelons que la dernière grande innovation du transport aérien, c’est quand même la sortie de l’A380. Un colosse de l’industrie aéronautique européenne, mais aussi un glouton, une insulte aux préoccupations environnementales du moment: un symbole du toujours plus, plus gros, plus puissant, plus lourd, plus loin (et bientôt plus cher, hi hi hi)… Avions_2Face à cette impasse, voyons ce qu’Air France a décidé de faire. Pas grand chose, à part com-pen-ser. Ne pouvant guère réduire les émissions de sa flotte, la compagnie a décidé de lutter contre la déforestation à Madagascar en restaurant et préservant 500 000 ha de forêts. Le gain attendu serait le stockage de 60 à 70 millions de tonnes de carbone, soit 4 fois plus d'équivalent CO2. La compensation, on en reparlera une autre fois, mais est-ce véritablement une option? En tous cas, Air France a choisi GoodPlanet pour mener à bien le projet. GoodPlanet est une association montée par le photographe Yann-Arthus Bertrand, lequel a déjà noué une vieille relation avec la compagnie française. Pour mémoire, sachez qu’à chaque fois qu’on met le pied dans un avion, on consomme au mieux 3,7 litres de kérozène tous les 100 km. Avec mes trajets autour du monde pour explorer les poubelles nucléaires, je ferais mieux de faire profil bas. Je continue à calculer le bilan carbone du film. Après la Russie, l’Ecosse et les vols aux Etats-Unis, j'avoue, c’est pas jojo. Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites