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Coxypac

"L'ENIGME DE LA SEPTIEME FENETRE"

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L'ENIGME DE LA SEPTIEME FENETRE
FEUILLETON POPULAIRE A PUBLICATION VARIABLE


Le bruit du moteur se faisait plus rauque maintenant et Harold rétrograda en seconde, bien que la pente fut douce, la route montant vers Seven oaks manor n'en finissait pas de serpenter entre les grands pins et le faisceau des phares de sa vieille Ford Capri léchait, comme un pinceau d'aquarelle jaune, les pieds de fougères en bouquets qui bordaient le bitume.

Le ciel s'obscurcissait et l'air devenait plus frais depuis quelques minutes, l'horloge du tableau de bord n'indiquait pourtant que dix huit heures, cette fin d'automne serait comme il les aimait, rigoureuse et annonciatrice d'un hiver sec et froid.

Sur le siège passager, la lettre qu'il avait reçu de Maud s'étalait en trois étroits feuillets, six pages noircies d'une écriture serrée qui formait un étrange maillage, accompagnés d'une coupure de presse qui lui avait glacé les tempes.

« Trente cinq ans après la nuit des meurtres, la mort rode à nouveau autour du manoir » titrait le quotidien et il s'ensuivait un article où l'on apprenait qu'un inconnu avait été retrouvé sans vie sur la chaussée prés de Seven oaks manor, avec, prés de lui une curieuse coupelle chromée...

Ainsi donc tout recommençait...

Aussi loin qu'il s'en souvienne, cette histoire de « voiture fantôme » avait été racontée par sa tante, la mère de Maud, à qui voulait l'entendre et il se souvenait de ses terreurs de petit garçon lorsque la vieille harpie revenait sur la fameuse nuit sanglante.

En ce temps là Alvin Alborne, un jeune étudiant qui campait sur la lande, Bryan Barmoor, marchand de bestiaux plein de stout au sortir d'une taverne et Cole Callaway, l'adjoint du receveur des postes avaient été retrouvés morts la même nuit, chacun sur une des routes menant à Seven oaks manor, le corps exsangue et comme broyé sans que l'on puisse se l'expliquer.

L'affaire avait fait grand bruit mais les indices recueillis par les constables locaux puis par les envoyés du prestigieux Scotland Yard étaient si minces qu'ils s'étaient perdus en conjectures sans que l'enquête ne soit jamais élucidée.

En effet, auprès de chacun des malheureux on avait découvert un petit enjoliveur d'Austin Mini portant une tache d'oxydation profonde et noire sur le chrome, plus étrange encore ces trois taches formaient chacune une lettre...

A, B et C...

Le V6 de la Capri remontait en régime maintenant et il put repasser la troisième vitesse, dans quelques minutes il serait au manoir où Maud l'attendait, il devinait déjà la bâtisse dans le faible clair de lune...


A SUIVRE...

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La crainte ou plutôt un certain effroi vint ,à ce moment, lui glacer le sang...pourtant en retrouvant Maud ,après tant d'années il serait plus facile d'affronter la triste vérité.

N'était-ce pas un appel au secours que sa belle et ingénue chanteuse lui avait adressé ??

Oh, bien entendu, il était loin ce temps où, pour gagner un peu d'argent, Maud, Harold et Allan avaient formé leur groupe de "Rock".

Les petits succès locaux avaient vite fait place à un réel engouement du public...

Le bel Harold à la guitare, Allan le batteur et bien entendu la sublime Maud au piano distillant de sa voix cristalline les complaintes mélancoliques et rythmées de ce fabuleux trio... Les "Groundswell"....

Mais déjà apparaissait sur le perron du manoir la silhouette radieuse de Maud.....

Comment Harold allait-il vivre cet instant???


A SUIVRE...

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Sans préter attention au regard désapprobateur de son majordome - courir au devant d'un invité ne convenait guère à une dame de son rang- Maud était sortie accueillir son ami.
Elle sentit son coeur faire un bond dans sa poitrine en voyant la voiture faire crisser les gravillons de l'alllée au devant du perron.
Elle n'avait pas revu Harold depuis tant d'années...
Nerveusement , elle ressera son châle autour de ses frêles épaules.
Harold descendit enfin de sa Capri .
"Mon Dieu, songea Maud stupéfaite. Il n'a pas changé!"
Le même que dans ses souvenirs!
Maud en avait le souffle coupé.
Elle s'attendait presque à le voir sortir sa guitare...
Elle s'attendait presqu'à voir Allan...
Son coeur se ressera et elle secoua la tête comme pour chasser un mauvais souvenir.


En deux pas, il fut face à elle. Souriant comme autrefois.
Maud soupira de soulagement. Harold avait répondu à son appel.
Sans rien dire, il l'étreignit longuement pour enfin la regarder dans les yeux.
- Ca recommence, murmura-t-elle.
- Tu aurais du m'appeler avant, Maud. C'est trop important...



A suivre.....

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Maud le fit entrer dans le grand hall obscur du manoir.

Frihman, le majordome, débarrassa Harold de son loden bleu et de sa casquette Burberry.

Harold brûlait d'en savoir plus sur l'inconnu retrouvé sans vie, il pressa Maud de questions et celle-ci l'entraina dans la bibliothéque sans répondre, comme si elle redoutait que Frihman put entendre leur conversation.

Les murs étaient tapissés de livres qui formaient comme un écrin et quand Maud eut fermé la porte, plus un bruit ne leur parvint.

Maud s'installa sur un sofa garni de velours uni de couleur ocre et commenca à parler doucement...

"Pardonnes moi Harold, mais depuis ce nouvel accident, ma propre ombre me fait peur et l'idée que Frihman ou Emma, mes domestiques, puissent me savoir dans cet état m'effraie"...

Elle commençait à raconter à Harold la manière dont avait été découvert l'inconnu lorsque l'on toqua à la porte.

Une vieille femme en noir entrebailla la porte, ne laissant que deviner sa silhouette fréle.

"Madame, il y a là l'inspecteur Frost, un policier, qui demande à être reçu" dit-elle avec un accent doucereux.

"Faites le entrer Emma, qu'il nous rejoigne ici" ordonna Maud.

Emma fit alors entrer un homme rond en costume beige qui, aprés s'être présenté s'adressa de suite à Maud, son visage était grave et ce qu'il révéla sembla la bouleverser.

La police avait réussi à glaner de nouveaux indices et l'autopsie avait permis de découvrir que le mort était Lord Dubbelwigh, ancienne gloire du parlement qui avait perdu sa fortune au jeu et son honneur dans la boisson.

Sans famille ni amis, il vivait uniquement des dons que lui envoyaient de temps à autre et afin qu'il ne les importune pas, de vieilles connaissances...

La coupelle de chrome s'était avérée être un enjoliveur d'Austin d'un modéle récent dont on avait pu établir qu'il n'avait jamais été monté sur une voiture...

Plus étonnant encore, trois autres enjoliveurs rigoureusement neufs avaient été découverts, emballés dans un sac à la consigne de la gare de Devonhurst...

Maud semblait dépourvue de toutes réactions, son visage blafard n'évoquait plus que la peur, une peur panique et irraisonnée qui faisait trembler ses doigts aux lourdes bagues.

Le policier, qui avait refusé de s'asseoir, allait s'en aller lorsque la porte s'ouvrit toute grande et renversa, en la cognant, une ravissante sellette.

Un jeune homme aux traits fins, les cheveux en bataille, entra et se précipita aux genoux de Maud en criant :

"Maman, maman, mais que t'arrive t'il, Frihman me dit que la police est là, pourquoi ?"

Les yeux du jeune homme allaient de l'inspecteur à Harold, les dévisageant, inquisiteur...

Harold, quant à lui, était stupéfait, ce jeune homme de 25 ans au plus, habillé d'un duffle-coat gris, d'un élégant pantalon noir, ce visage, ces traits, cette ressemblance...

Un souffle glacial le parcourut...

A suivre !

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Le policier, surpris par l'arrivée impromptue du jeune homme, semblait à présent moins soucieux de s'en aller et tournait entre ses mains épaisses un chapeau de feutre d'une indéfinissable teinte...

"L'inspecteur allait nous quitter je pense" dit Harold, d'une voix qu'il espérait assurée...

Effectivement, Frost, cessant de triturer son pauvre couvre chef, s'inclina vers Maud et dit :

"Il est vrai, Madame, que mon enquête m'appelle à la City, la morgue m'a appelé afin que je puisse constater demain matin, en présence d'un médeçin, les causes du décès et je suis dans l'obligation de vous quitter"

Il ajouta, presque gêné "J'avais promis à Madame Frost de l'emmener souper ce soir aprés le spectacle que l'on donne au Théatre Donning's et je craindrais son courroux si je manquais à ma parole, mais nous nous reverrons je pense."

Saisissant l'occasion, Harold ouvrit la porte pour raccompagner l'inspecteur et fut à peine surpris de trouver Frihman juste derriére, un chiffon à la main...

"Venez inspecteur, je vous accompagne" dit Harold tandis que le domestique frottait, comme s'il s'attendait à en voir sortir un génie, une potiche de Delft aux merveilleux camaieus.

Le regard que lui lança Maud était une supplique...

Dans le long couloir qui menait au hall, Harold dit à l'inspecteur "Curieuse histoire que celle de ces enjoliveurs, qu'en pensez vous ?"

Celui-çi, laconique et sortant une "Navy cut" d'un paquet racorni lui dit juste :

"Oui, curieuse histoire...

D'autant plus que les trois enjoliveurs que nous avons découverts à la gare sont marqués d'un profond trait de stylet, l'un porte un "E", l'autre un "F" et le troisième un "G", on dirait que l'assassin ne comptait pas en rester là..."

"Mais vous nous avez dit que la piéce retrouvée auprés de Dubbelwigh n'avait jamais été montée sur aucune voiture et ne comportait aucune marque" intervint Harold.

"C'est exact Monsieur, aucun de ces enjoliveurs n'a jamais été monté, notre police scientifique l'a prouvé, curieusement, celui retrouvé auprés de la victime ne comporte aucun signe alors que les autres..."

Ramené sur le perron, Frost s'engouffra dans une Rover blanche et en fit rugir le moteur à huit cylindres.

"Une 3500 comme voiture de service" songea Harold en pensant au 2300 surrané de sa Ford Capri, voilà où passe mes impôts !

La Rover partie dans un feulement propre au "V8", restait en bas du perron deux voitures, sa Capri "XLR" bleu métal, longue silhouette, et une Triumph TR3 d'un jaune pale, sans le moindre cover tonneau...

Aussitôt il repensa au jeune homme, à ses cheveux éventés, à ses traits, à son attitude même, mélange d'arrogance, de franchise...

Le fils de Maud...

Pourtant Maud n'avait jamais... Comment aurait elle pu ?

Son sang bouillonnait, c'était comme si ses tempes battaient, à l'unisson de son coeur, l'étrange mesure d'une douloureuse chamade.

Il ferma la porte...

Frihman était là, occupé cette fois, à nettoyer une poignée de cuivre jaune.

A suivre...

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Harold ne pouvait chasser de son esprit cette image du jeune homme de 25 ans....

25 ans c'était justement le nombre d'années écoulées depuis qu'il était parti précipitamment aux États Unis...

25 ans pour refaire sa vie....

25 ans à ne plus penser à....Maud

L'avait-elle trahi???

Non, pas elle, c'était impossible....alors ce garçon??

Non ,il refusa de croire à cette histoire, elle l'aurait prévenu...

En remontant vers le vestibule, il tomba nez à nez avec ce superbe garçon à l'allure très féline et empreint d'une certaine aisance.

"Bonsoir, je suis Harold, le cousin de votre mère"

"Bonsoir Harold!, mère m'a très souvent parlé de vous, suivez moi jusqu'à la bibliothèque afin de la rejoindre..."

"Entre Harold" dit à voix douce Maud, "l'heure est venue, pour moi, de te parler...ne crains rien, assieds toi auprès de moi....William et moi allons t'expliquer..."


A suivre

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L'inspecteur Frost roulait maintenant à vive allure, pour ne pas être en retard à la représentation théatrale où il avait promis d'emmener sa femme. Le bruit du V8 déchirait la nuit par son chant mélodieux au milieu des arbres de la foret du New Forest. Il restait pensif à la surprise qu'avait eu Harold à la vue du fils de Maud. Mais pourquoi ? Ils avaient pourtant l'air intime, meme familiaux. Tout cela le poussait à se demander qui il était exactement pour Maud.


A SUIVRE

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