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scuderia57

De Villota-Edwards

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Un bien triste fil rouge lie les destinées de María de Villota et Sean Edwards, décédés à cinq jours d’intervalle : tous deux victimes d’accidents absurdes, tous deux fauchés en pleine ascension, tous deux enfants de pilote. De deux pères, Emilio de Villota et Guy Edwards, qui ont été tour à tour collègues, rivaux et co-équipiers, il y a plus de trois décennies, et dont les destins se recroisent aujourd’hui par un coup bas du sort...

Des deux, Guy Edwards était le plus extraverti : présence et humour britanniques, comme il se doit pour un fils de colonel de la RAF, et tempérament presque latin. Emilio, lui, c’était plutôt la sobriété et la ténacité castillanes, celles qui l’amenèrent à renoncer à une carrière de manager de banque pour poursuivre son rêve. Tous deux instruits et licenciés en Economie, ils furent parmi les premiers à comprendre comment fonctionnait le sport-auto moderne et sont devenus de bons chasseurs de sponsors. Edwards a même signé un manuel sur le sujet. Nés à trois ans de différence (Guy en 1943 et Emilio en 1946), ils débarquèrent en F1 à trois saisons d’intervalle : Edwards en 1974, avec la Lola Embassy engagée par Graham Hill, et Emilio en 1977, sur une McLaren privée. C’étaient des temps difficiles pour les sans-grades, vu la pléthore de petites équipes et de privés, où arracher une qualification tenait du miracle. Edwards y parvint 11 fois (et termina même septième du Grand Prix de Suède 1974), contre trois fois à Emilio. Tous deux, cependant, furent des protagonistes (involontaires) de l’histoire de la Formule 1 : Guy en tant que co-sauveur de Lauda au Nürbrugring en 1976, Emilio comme prétexte de l’imbroglio politique qui mena à la mise hors-la-loi du Grand Prix d’Espagne 1980 et déclencha la guerre FISA/FOCA entre les équipes 'légalistes' pro-Balestre et les rebelles pro-Bernie.



Une fois tournée la page des Grands Prix, tous deux optèrent pour l’Aurora British F1 Championship, une sorte de deuxième division, qui prit essor entre 1978 et 1980, mais fut vite éliminée car elle prenait trop d’ampleur. Guy et Emilio en furent deux des ténors, tout comme Trimmer, Keegan, Desiré Wilson (la seule femme à avoir remporté une course de F1), Kennedy, Salazar, Zunino et même Giacomo Agostini. Là, Emilio eut plus de succès que Guy, remportant 9 victoires (contre cinq à Edwards) et un titre.

La série Aurora mise au placard, les deux hommes, qui avaient appris à s’apprécier en tant que rivaux, unirent leurs efforts pour courir en Championnat du monde des Sports, où ils se lancèrent en 1981 au volant de la Lola T600, le premier proto à effet de sol, qui préfigurait les Groupe C qui allaient entrer en scène l’année suivante. Engin futuriste pour l’époque, la Lola se révéla fort rapide mais peu fiable. Les deux compères parvinrent tout de même à gagner deux fois, dans la fournaise d’Enna et sous le déluge à Brands Hatch. Pour les deux pilotes, le point d’orgue de leur palmarès. Après cette aventure, leurs chemins ont divergé mais ils ont continué à courir en parallèle : encore quelques belles années au volant des Porsche 956 et 962 pour les deux et une quatrième place au Mans (Guy en 1985 et Emilio en 1986), dans les deux cas au volant d’une voiture du John Fitzpatrick Racing.

Une fois leurs carrières terminées, ils sont tous deux restés impliqués dans le sport automobile : Emilio en ouvrant une école de pilotage et puis son propre team, Guy en chassant des sponsors pour Jaguar, March et Lotus. Entre temps, ils avaient fondé famille, sans pouvoir éviter que leur descendance s’enivre de la même passion. Alors qu’aujourd’hui de pénibles circonstances les réunissent à nouveau, et  que Guy doit faire face à des ennuis de santé, ils méritent tous deux une pensée bien amicale…

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