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Invité

R16 STORIES

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Invité
Bonjour à tous,

Il y a quelques années (avril 2002), j’ai demandé aux membres de notre groupe de discussion sur la R16 (en anglais uniquement), ce que signifiait pour eux, dans leur pays, le fait de posséder une R16. Vous pourrez lire les réponses dans les semaines qui suivent. Mais, je n'avais pas tout traduit, je vous proposerai donc quelques textes dès ce soir. Et j'alimenterai, avec le même titre la rubrique en anglais. J'espère avoir des retours...

Je propose que tous ceux qui sont intéressés s'amusent à faire ce petit exercice. Raconte moi ta 16.

À l'époque, je proposais:

"Je voudrais vous poser une question particulière: qu'est-ce que signifie pour vous et dans votre pays, le fait de conduire cette voiture. Était-elle considérée comme pas chère ? Était-ce une hérésie ? Était-ce comme conduire une Traban en Europe de l'Ouest ? Qu'est-ce cela signifie pour vous de vous asseoir dans cette voiture ? Sentez-vous le stress vous quitter ? Et, enfin, quelle place avait la Renault 16 dans votre pays dans les années 60 et 70 ? Était-ce la voiture de l'homme moderne ? Était-ce la voiture des faubourgs ? Était-ce la voiture des familles sans beaucoup de ressources ? Était-elle considérée comme exotique ?"

Ensuite, je proposais une réponse pour moi-même:

"En France, la Renault 16 est peut-être la dernière voiture achetée autant par les ouvriers que par les hommes d'affaires. Toutes les classes sociales pouvaient se permettre d'en acquérir une. Les plus fortunés avaient la TS ou la TX. Les familles et les ouvriers la TL ou la L. Je travaille dans le développement économique et quand je discute avec un chef d'entreprise de cette voiture, environ la moitié en a possédé une. L'autre moitié s'intéressait peu aux voitures ou roulait dans une Peugeot.
Si mon interlocuteur est de ma génération (41 ans, né avec la 16 en 65), il parle de la voiture de son père, des longs voyages sur la banquette arrière par un temps épouvantable (quand il fait trop chaud par exemple / je traduis pour les sudistes). Il est toujours question de regret: "c'était une super voiture mais la rouille..." Comme s'il faut qu'ils se justifient de l'avoir vendue. Ma réponse est toujours la même: "On ne dit pas que c'était une bonne voiture. On dit qu'elle EST une bonne voiture..."

Deux de mes oncles en possédaient une. L'un était toujours sur la route et travaillait sur des chantiers partout en France. Son frère, plus jeune, voulait aussi avoir une belle voiture et il était aussi ouvrier mais n'utilisait sa voiture que dans le petit village où j'habitais alors. Les deux voitures ont été achetées neuves à l'époque.

En France, la Renault 16 véhiculait une image très positive. C'était une époque où vous pouviez rouler sans complexe dans une voiture nerveuse, atteindre une bonne vitesse sur des routes peu encombrées. C'est la première voiture avec 5 portes. La cinquième, le hayon, était une révolution en 1965, surtout sur une voiture qui avait cette prétention de standing. Pour la première fois, le design était modifié par une nécessité pratique d'autant que sur les deux côtés de la voiture couraient deux pavillons très particuliers qui permettaient de s'asseoir sans risquer de se cogner la tête. C'est aussi la première voiture dont le passage de roue ne vient pas découper la portière.

La cinquième porte, c'est en fait un compromis entre le break et la voiture classique à trois volumes et coffre. La Renault 16 n'est pas la plus innovante (comme le sont les ID et DS de Citroën), c'est juste la première voiture moderne, adaptée aux personnes qui vivent de façon moderne (la mobilité ou le tourisme en développement supposait alors une grande capacité pour les baggages). Tout ça était cohérent avec le développement simultané du réseau routier.

Pour Renault, c'est la première marche vers le concept de "la voiture à vivre". Les voitures qui lui succéderont (20, 30, 25, Safrane) sont uniquement une évolution de la 16. Renault renouvellera une révolution identique à celle de 1965 à trois reprises: la première avec la Renault Espace; la seconde avec la Vel Satis, qui est un mix entre le monospace et la limousine et de façon brillantissime avec l'Avantime qui est un mélange de coupé et de monospace.

Enfin, la R16 est un exemple de design 'entre deux" avec ses formes typiques des années 70 (anguleux, look agressif...), son architecture moderne des années 70, mais construite avec des matériaux du début des années 60: pare-chocs et lignes tout en chrome, volant bakelyte surdimensionné, compteurs horizontaux, etc. Avant la 16, c'est le règne du design mou et gros (admirez les rondeurs de la Renault Frégate), après la R16, c'est la grande disparition du chrome au profit du plastique omniprésent.

Demain matin, comme tous les matins, en conduisant mes enfants à l'école (ce texte date d'avril 2002), je vais leur préparer des souvenirs d'enfance un peu particuliers. Les mêmes que les miens en fait (ou quasiment, les R16 je les regardais passer devant chez moi). Et plus tard, ils diront: mon père était un peu spécial: il conduisait une voiture qui avait trente ans, en parlait sans arrêt et écrivait des analyses sur la voiture pour les faire lire à des gens qui échangeaient là dessus sur internet. Ces gens-là avaient de drôle d'habitude à l'époque..."

Désole d'avoir été un peu long. C'est la passion qui parle.

A+. Ciao. Kenavo.

B. Le Lan

À vos histoires, les gars et les filles.

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Voici le premier témoignage, celui d'un américain:

"J’aime ce genre de question. Oui, quand vous conduisez une Renault en Amérique, surtout un modèle comme la R16, vous êtes une personne étrange. C’est comme conduire une “trabbi” en Europe. Les gens vous regardent comme si vous étiez fêlé ou bien en pensant: “quoi ? Vous ne pouvez pas vous payer une voiture normale ?” Et puis surtout une R16 en Amétique est aussi commune qu’une Studebaker en France. Je ne suis pas assez vieux pour me souvenir des années 60 mais je suis certain que les Renault étaient achetées par des gens qui cherchaient quelque chose de non conventionnel, un peu comme pour nous aujourd’hui qui continuons à rouler avec ces voitures. Des gens qui ne peuvent posséder quelque chose de “normal”. Quand je conduis ma R16, j’aime surtout la façon dont je m’enfonce dans les sièges; c’est TELLEMENT confortable. Autrefois, mes amis surnommaient ma R16 le “canapé” et c’est toujours d’actualité aujourd’hui. La seule chose que je n’aime pas dans cette voiture, est qu’il est devenu impossible de se procurer des pièces détachées, de les faire venir ou de trouver des épaves dans les casses. Je crains donc que si un problème important se pose, de ne pouvoir, ni moi, ni personne, la réparer. "

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Le second témoignage est celui d'un australien.

"En Australie, conduire une R16 (ou une R12) signifie que vous êtes une drôle de personne, mais aussi quelqu’un qui a peu de moyens. J’ai acheté ma R16, dans un état magnifique, 450 $ australiens. Converti en une référence courante pour tous, c’est l’équivalent de 75 repas dans un Mac Donald’s. Je me suis simplement privé de nourriture pendant 75 jours pour me l’acheter.

La R16 n’est pas considérée ici comme une voiture “cheap”; ce qui est plus réservé au voitures courantes comme les Ford Cortina ou Escort ou à la Holden (marque australienne uniquement) Camiras. Comparées à la R16, elles sont des voitures ordinaires.

Ce que cela signifie, pour moi, d’etre assis dans une Renault 16, c’est d’être dans le fauteuil le plus rapide que j’ai jamais possédé. Si je veux du confort et continuer à mener ma barque dans le paysage, je prend ma 16. Si je veux aller plus vite (et me blesser), je prends une moto. Pour moi, les deux alternatives se complètent parfaitement. Toute personne qui s’est jamais baladé en R16 dit généralement: moche à l’extérieur, mais comme ces sièges sont confortables !” Jamais personne ne se plaint de la promenade.

En Australie, elle était autrefois considérée comme exotique. d’abord parce que l’avant de la voiture ne semble pas coller avec l’arrière. Mais les gens qui l’ont possédée savent qu’elle apporte une grande capacité de chargement. Un de mes grands pères en avait acheté une parce qu’elle permettait de charger autant de planches de bois que son vieux break Holden, mais dans une voiture deux fois moins grande et plus sympa à conduire...

Et, en tant qu’étudiant à l’université je ne peux dire non à une voiture qui peut trimbaler confortablement (sans doute pas en sécurité) 4 personnes sur les sièges avant et 5 à l’arrière, sans être plus large qu’une voiture d’aujourdhui."

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Un autrichien a dit:

"Bonjour,

malheureusement, je ne peux pas vous dire comment ça fait de conduire une voiture comme une Renault 16 dans les montagnes autrichiennes, parce que je viens seulement de décider d’en acheter une. Je ne l’ai toujours pas et je ne sais pas quand elle pourra revenir sur la route après 10 ans passés dans le hangar d’un jardinier...

Mais mon père a eu deux R16, une L ou une GL des années 60 (je ne me souviens pas de l’année mais elle était grise) et une TS jaune de 1974 avec une bande noire sur le côté. C’était la première voiture que j’ai jamais démarrée (sans que mon père le sache, dans le garage...), dans laquelle j’ai appris le frisson de l’accélération et de l’embrayage. Mon père l’a perdue dans un accident mais elle avait déjà alors beaucoup de points de rouille.

Maintenant quand vous parlez avec les gens de l’age à mon père (entre 50 et 60 ans), tout le monde a eu une R16 ou bien connaît un membre de sa famille un ami qui en a eu une. 50% en étaient contents et parlent de son confort. 50% parlent de la corrosion.

Je vous en direz plus lorsque ma voiture sera sur la route."

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C'est un puits de mine ces témoignages Belan...Merci beaucoup!

Si tu connais ou a encore des contacts avec ces gens, j'aimerais avoir leur accord pour afficher ca, possible d'après toi??

En tout cas joli travail king

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Bonjour,

je te propose de te faire la liste des adresses mail en direct dans quelques jours.

Mais je pensais aussi relancer la même question via le Yahou Groups parce que, je suis d'accord, ces réponses sont parfois étonnantes.

A+.

B. Le Lan

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Un suédois a dit. Celui-là, je peux le citer. Il s'agit de Magnis Belk créateur du site http://drive.to/r16

"En Suède, le propriétaire d’une Renault 16 était hautement qualifié en technologie, qui souhaitait posséder les dernières innovations. Plus tard dans les années 60 et au début des années 70, ces personnes ont changé pour une BMW, une Jaguar ou un autre modèle high tech. Quand les voitures (R16) ont vieilli, elles sont devenues des voitures de secondes mains, bon marché, et étaient souvent maltraitées jusqu’à la mort. La corrosion n’a pas aidé. Et les R16 de Suède sont rapidement devenues populaires chez les revendeurs de quasi épaves (ou les casses). Aujourd’hui, quand les gens parlent de la R16, ils parlent soit de voitures confortables et innovante pour son époque, soit ils se rappellent d’un incurable tas de rouille.
Conduire une R16 aujourd’hui est sans doute considéré comme bizarre, mais pas de mauvais goût. Il n’y a plus de tas de feraille en circulation et les dernières qui restent sont considérées comme des collectors."

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Un autre australien a dit:

"Ma seule expérience de jeunesse avec une Renault dans les années 60 était avec une Dauphine? Imaginez, je vivais aux USA et mon père était vendeur de Buick à l’époque et nous regardions cette voiture comme une plaisanterie.

Quelques années après, alors que j’étais militaire dans l’US Air Force au Royaume Uni, j’ai acheté une 4CV dans un endroit glauque...

...

Ma voiture actuelle est une R16 TS de 1975. Elle était garée sur un parking, au bord d’une route, devant laquelle je passais tout les matins pour aller au travail (ici en Australie), avec un grand panneau “FOR SALE”. J’ai patiemment regardé et attendu que le prix baisse, depuis un optimist 1 500 $ AUS jusqu’à 500 $ AUS; prix auquel je l’ai achetée. Je ne savais pas trop dans quoi je me lançais... Je la voyais comme une petite 4 cylndres qui pourrait devenir la première voiture de ma fille ainée, qui était à l’époque sur le point de passer son permis de conduire. Après avoir recherhé des infos sur la marque sur internet, l’avoir mise propre et l’avoir préparée pour obtenir le droit de rouler avec, ma fille a émis un son court qui me faisait comprendre qu’elle n’était pas très intéressée par la voiture. Et j’ai sauté sur l’occasion pour en faire le projet “voiture” de papa.

C’était il y a 20 000 kms de ça et je la conduis à chaque fois que je ne suis pas sur ma Harley, c’est à dire une ou deux fois pas semaine. Je l’utilise toujours quand il pleut le matin ou que j’ai quelque chose à apporter au travail, ou encore si je dois déposer mes enfants quelque part.

Actuellement, elle fait shzshzshzshzshz quand la pédale d’embrayage est poussée, clunka-clunka-clunka-clunka quand j’accélère vers la droite et rumble-rumble-rumble-rumble du côté des suspensions arrières quand je roule sur des bosses. J’ai une fuite d’essence si je remplis le réservoir jusqu’au bout. Le frein à main ne peut être utilisé parce que la cable est “éraillé” alors j’ai toujours une brique prête à être utilisé dans le coffre. Toutes les deux semaines, je dois sortir mon tournevis et réinstaller l’aération quand elle se déglingue. La peinture part à plusieurs endroits, il y a plusieurs points de rouille dont je m’occupe actuellement. Et enfin, comme un chien, elle laisse sa trace (fuite d’huile) partout où je la stationne.

Donc, il n’y a rien de logique dans le fait que je la garde dans cet état; j’aime cette voiture."

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Un anglais a dit

"Bonjour d’Angleterre,

Au Royaume Uni, la R16 était achetée neuve, au départ par des personnes qualifiées, comme des profs d’université qui appréciaient le style intelligent, et aussi par ceux qui n’étaient pas aussi conservateurs que le conducteur moyen, qui achetait, disons une Ford Cortina ou une Morris Oxford. Plus tard, , le panel d’acheteurs s’est élargi grâce aux qualités de la voiture, de plus en plus appréciées. Au début des années 70, la 16 était achetée par des gens qui n’avaient jamais acheté de voitures étrangères ou des voitures à traction avant. Elle avait gagné sa réputation de grand confort, de tenue de route, de voiture pratique et facile à entretenir. La plupart des voitures d’entreprises étaient des voitures banales; quelques compagnies ont souhaité se donner une image ultra moderne en faisant l’acquisition d’un parc de R16. Dans le milieu des années 80, les survivantes étaient des “tas de ferraille”, mais maintenant celles qui sont encore là provoquent la nostalgie de ceux qui l’ont conduite autrefois. Le profil des gens qui en possèdent une aujourd’hui oscille entre celui de personnes, comme moi, qui en ont toujours possédé une et les plus jeunes qui l’achète comme une voiture ancienne. Au Royaume Uni, comme Bruno l’indique pour la France, la 16 était une voiture qui traversait les classes sociales: elle était achetée par les ouvriers et par les patrons, les scientifiques ou par les célébrités du show business."


La personne qui a rédigé ce mail s'appelle Richard Allen et il est venu quelques mois plus tard en vacances en Bretagne, m'indiquant, par mail le nom de la commune de séjour. J'ai pris ma voiture et nous nous sommes croisés (lui, dans sa TS et moi dans ma TL bleue) sur la voie express (autoroute gratuite, en Bretagne). Nous nous sommes salués sans pouvoir faire demi-tour immédiatement, mais je n'ai pas réussi à le joindre ou le rencontrer. Fin 2004, lorsque je me suis rendu en GB pour le travail, j'ai eu un contact téléphonique avec lui: il m'a indiqué possédé 2 R16 dont une qui avait allègrement passé les 280 000 kms. La seconde approchant les 160 000 kms. Mais je parle de mémoire...

B. Le Lan

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